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                     EXPOSITION DES AMIS DES ARTS                          235
    Or, ces signes ont pour base l'imitation de la nature et pour guide une
esthétique élevée. Le premier, le plus important est la ligne, ou pour nous
exprimer plus largement, la forme qui contient le contour et l'expression
des divers plans du relief, c'est-à-dire le modelé ; un art complet en pro-
cède, la statuaire. A la forme revient de droit la cadence des compositions»
l'expression de la passion et du sentiment dans l'ordre moral, le mouve-
ment dans l'ordre physique.
   Elle devra être dominatrice dans l'ordonnance des grandes scènes reli-
gieuses, dans les drames sévères de l'histoire, dans les portraits des grandes
figures de l'humanité. C'est par elle que l'artiste véritablement puissant
pourra faire jaillir du vrai, le beau qui en est la splendeur.
     Dans un ordre moins austère, moins élevé si l'on veut, et tenant plus
  exclusivement au monde matériel, nous trouverons encore un infini de
 splendeurs , la musique des yeux ; nous entrons dans le domaine de la
  couleur. Ici la pensée cédera le pas à la sensation; mais, que de charmes,
 que de féeries vont se dévoiler devant nos regards ravis : l'éclat des chairs
  fermes, rondes et nacrées, l'or et le jais des belles chevelures, le luxe des
 riches draperies, le scintillement des parures, l'azur profond des cieux, la
 flamme des soleils couchants, le choc des sombres nuages des tempêtes, la
 sérénité des matinées fraîches, l'opulente verdure des végétations vigou-
 reuses, le caquelage des reflets brisés dans les ondes frissonnantes, les
 belles fleurs, les fruits savoureux dont la pulpe a gardé, des baisers fécon-
 dants du soleil, toutes les nuances de son prisme radieux.
     Le troisième grand terme de la trilogie plastique est l'harmonie, com-
 plément indispensable des deux autres, trait d'union de toutes les parties
 constitulives de toute œuvre d'art, aussi bien sur les sommets élevés de
 l'idéal que dans le domaine plus restreint de l'imitation pure. L'harmonie,
 condition impérieuse de l'unité, est l'expression des relations justes dans
quelque mode que ce soit : vague, doux, expressif, énergique, violent
 même. Empruntant une image au langage musical, nous dirons que le doux
murmure d'un quatuor de chambre, et les éclats stridents d'une fanfare de
cuivre donneront l'idée des extrêmes de la progression que nous venons
d'établir.
    Ces considérations préliminaires posées, nous allons nous efforcer d'en
faire passer le sens et l'application dans l'examen rapide et succinct de
l'Exposition actuelle de la Société des Amis-des-Arts de Lyon, glanant çà
et là et signalant les qualités par lesquelles les œuvres qui nous arrêteront
nous paraîtront rentrer dans le cadre large du beau et du vrai.
    A ce point de vue, il nous sera permis de ne pas donner, sous prétexte