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92                 NOTICE SUH J . - B . DUMAS.

pris place dans vos rangs que depuis peu d'années, et
quand vous m'avez fait la laveur de me les ouvrir, Dumas,
inscrit au cadre des Académiciens émérites, avait cessé de
fréquenter nos séances. L'âge le tenait enfermé dans la re-
traite. Souvent, l'idée m'était venue d'aller jusqu'à lui ; sa
solitude, je m'en flattais, ne se serait pas dérobée a mes
empressements Mais, vous savez combien court et s'insi-
nue la trame des devoirs et des empêchements dans les
existences fort occupées. On ajourne et il n'est plus temps.
C'est la faute aussi de cette vaste et belle cité où nous rési-
dons que l'on ne puisse que difficilement y aborder ceux vers
lesquels on serait entraîné par tant de sympathies, en sorte
que les relations des personnes y souffrent de la grandeur
des lieux. Ainsi est arrivé pour moi le moment plein de
regret où nous sommes, et dans la tâche que je viens ac-
complir je me compte comme un bien triste désavantage de
ne pouvoir mêler à ce que j'ai à vous dire de Dumas ces
mouvements de cœur, si faciles a quiconque l'a connu, qui
auraient fait ie premier mérite d'une oraison funèbre sans
art et de pur épanchement confraternel.
   Mais, si je n'ai jamais été en présence de l'honorable et
savant Académicien, du moins lui touché-je de trop près
par les reflets qui sont restés de lui dans vos mémoires et
dont il m'a été permis de m'éclairer, pour que je n'espère
pas pouvoir recueillir encore et vous rendre un peu des
vrais battements, des chauds soupirs de cette vie qui s'est
éteinte, il y a quelques mois, dans un noble cœur.
   Jean-Baptiste Dumas naquit à Lyon le 11 novembre 1777.
Son éducation fut confiée dans notre ville aux Oratoriens.
Sous ces bons maîtres, le jeune collégien avait fait de bril-
lantes études. Il avait puisé dans leurs leçons , tel que les
pères de la congrégation savaient l'exprimer, le suc des let-
tres grecques et romaines. Les Oratoriens ne scindaient pas