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                 OBSÈQUES DU DOCTEUR R0UG1ER.                  2bS

     Il avait déjà révélé cet admirable talent de peindre les
 hommes et leurs oeuvres alors que, secrétaire général de la
  Société de médecine, il consacrait à plusieurs de ses confrè-
 res ces biographies pleines et saisissantes qui font revivre
 le passé et encouragent l'avenir.
    Qui pourrait moins que moi oublier ces hommages funé-
 raires !
    Un jour, un triste jour, il y a tantôt dix-neuf années, à
 quelques pas de cette fosse funèbre , je conduisais le deuil
 de mon vénérable père, lorsque, du fond de mon irréparable
 douleur, j'entendis cette voix qui vient de s'éteindre lui
 adresser un suprême et éloquent adieu ; je ressens encore
 les larmes d'attendrissement et de reconnaissance qui furent
 le seul soulagement de mon cœur dans ces lugubres mo-
 ments. Oui, c'est a lui que je dus cet éloge des vertus pater-
nelles dont le souvenir épanouit l'âme aux plus mauvais
jours de la vie, et dont le juste orgueil ressemble lui-même
 a une vertu.
    Et c'est moi qui devais lui payer la dette de mon vertueux
père, au moment où il est allé le rejoindre et m'attendre, et
en attendant, mon héréditaire amitié devait être condamnée-
a subir le déchirement de cette nouvelle séparation.... je ne
sais qu'obéir aux décrets de la providence.
    Pardonnez a l'entraînement de ces émotions personnelles. :
ce tribut de piété filiale ne me fait pas oublier l'hommage de
nos regrets fraternels.
    Ces regrets seront durables, car notre confrère n'inspirait
que de profondes sympathies : il attachait lui-même un inté-
rêt de prédilection à cette fraternité littéraire ; il savait qu'il
ne trouvait parmi nous que des amis ; aussi il nous est venu
jusqu'à la fin, et l'Académie a reçu ses dernières visites.
   Mais cette riche nature s'était, dès longtemps, usée par le
travail ; de redoutables assauts l'avaient ébranlée ; une crise