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482 UN ENFANT DE CHOEUR. chant est fort beau, j'en conviens, mais il n'est pas tout a fait original ; et puis la slretta me semble quelque peu cou- sine d'une petite fugue de Sébastien Bach, que nous avons étudiée le mois dernier. Cependant le jeune compositeur, qui avait d'abord suivi rigoureusement l'impression de Capuzzi, commençait à ne plus entendre ses avis : l'inspiration, ce maître céleste , murmurait à son oreille d'harmonieux préceptes, et sa voix divine étouffait la voix du maître humain. Celui-ci, dès-lors, cessa de parier ; sa plume courait avec rapidité sur le pa- pier, et il saisissait au vol les notes fugitives qui prenaient leur essort sous les doigts du jeune maestro. Bientôt pour- tant, sa main se ralentit, les notes ne se pressaient plus ; le souffle créateur qui les faisait éclore, le souffle de l'es- prit qui les poussait les unes vers les autres, comme l'aiguil- lon qui hâte les pas tardifs d'un troupeau de bœufs dans la campagne de Rome, avait calmé sa violence; le compositeur épuisé s'arrêtait. Capuzzi se leva : — Très-bien, mon fils, s'écria-t-il en embrassant le jeune homme ; ceci est beau, réellement beau, trop beau même pour un intermède tel que les Vendangeuses ; mais nous n'avons pas le temps de choisir , et l'imprésario ne s'en plaindra pas ; je cours au théâtre ; dans huit jours l'Italie comptera un maestro de plus. Ainsi que l'entrepreneur de théâtre l'avait promis , l'in- termède des Fendangeuses avait été appris, répété et mis en scène en sept jours ; on le joua le huitième. Notre hé- ros était lui-même à l'orchestre. Il tenait le piano, comme cela se pratique aux soirées de gala, dans tous les grands théâtres d'Italie et d'Allemagne où l'accompagnement sym- phonique se modère sur le jeu de l'auteur même. La salle était pleine, et le neveu du gouverneur de Rome, le gendre de Pepoli, présidait pour le compte"de son oncle à cette