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BIBLIOGRAPHIE. 245 En étudiant la vie politique d'Horace, on est entraîné malgré soi à fairedes applications contemporaines: c'est que la nature humaine ne change pas, et que les mêmes causes amènent les mômes effets. Horace a fini par devenir tellement partisan de l'empire qu'il ne se contente plus de le louer: il attaque ceux qui boudent le gouvernement et qui ne trou- vent pas que tout est pour le mieux. « Les Stoïciens, répu- « blicains par leurs maximes , étaient hostiles au régime « nouveau. Il fallait donc les déconsidérer, et c'est Horace « qui va les livrer aux huées de la populace. » Les vieux partis sont pour lui des ganaches. J'estime assez peu ce côté de la vie d'Horace; mais bientôt arrivera Juvénal qui réha- bilitera les mécontents. Le règne d'Auguste amena ceux de Tibère , Caligula , Claude, Néron, suivis de la décadence la plus complète, qui ne trouva une digue que dans le Christia- nisme naissant. Après nous avoir initié à la vie politique du poète , l'auteur nous fait connaître sa conduite privée dans sa jeunesse et dans son âge mûr. Il nous le montre épicurien de bon goût, ennemi de l'orgie, et comprenant , lorsque la cinquantaine arrive , que la dignité et la retenue doivent être les seules maîtresses de l'homme. Au reste, sa faible santé lui imposait la nécessité de renoncer aux habitudes de sa jeunesse ; car il touchait au terme et mourut à l'âge de 57 ans, le 27 novem- bre, an 746 de la fondation de Rome. Je recommande le volume, que je viens d'analyser, à l'at- tention des amateurs de la saine littérature, et ils me remer- cieront certainement de leur avoir indiqué une lecture instruc- tive et agréable. Paul SAINT-OLIVE.