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DE LA SOCIÉTÉ A LYON. 223 sans avoir à dire d'où l'on vient, moins encore où l'on va ; l'heure présente suffit à vous accréditer. Mais sur un théâtre plus restreint, où les personnages sont plus et mieux connus, où l'on n'aime que les bonnes renommées, où les intérieurs de famille sont encore des sanctuaires, le personnel des sa- lons réalise des conditions toutes différentes. 11 est plus choisi, parce que ce n'est ni une nécessité ni une mode d'ac- cueillir tout nom autour duquel se fait un peu de luxe ou de bruit. Il est moins mobile, parce que les existences aventu- reuses portent ailleurs leurs ambitions et leurs intrigues. Il s'attache par le plaisir qu'il reçoit et par celui qu'il donne. Ainsi se forment des habitudes qui acquièrent chaque jour plus de charme, et quand à ces conditions de confiance et de sécurité viennent se joindre la culture intellectuelle, l'expé- rience, l'amabilité, l'esprit sous toutes ses formes si variées, vous avez un salon lyonnais. Lyon n'est pas une capitale. Est-ce un mal, est-ce un bien, au point de vue de ce qu'on appelle la société ? Il est vrai, les étrangers de distinction ne nous visitent guère qu'en courant, et quand ils ont admiré nos deux fleuves, nos quais incompa- rables, nos coteaux si pittoresques, ils se hâtent de se rendre à Paris, le rendez-vous universel ! On dirait qu'ils se croient attendus. Nous y perdons sans doute des rapports souvent agréables, mais toujours fugitifs. Lyon n'est pas la résidence d'une cour avec toutes ses pompes ; mais si une cour peut ajouter au luxe et au mouvement d'une ville, je ne suis pas bien sûr qu'elle ajoute beaucoup de sûreté et de satisfaction durable aux relations sociales. Trois cent mille habitants, de grands corps de magistrature, un barreau où l'on compte des illustrations nationales , des Sociétés savantes en relation avec toute l'Europe, des bibliothèques, des musées, de hau- tes renommées administratives , de belles gloires militaires, un clergé voué a la science comme à la religion ; voila, ce me