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                                   DE LA F O I .                                  501

que dans la vie absolue ne saurait s'expliquer que par un acte
de création Mais il y a des cœurs si durs qu'ils n'avouent
même pas qu'ils ont été créés par Dieu !
   Toujours l'homme reçoit la substance, ce qu'il ne peut tirer
de lui-même; et toujours l'homme en fait l'emploi, ce que Dieu
ne peut faire pour lui. Mais dans cet acte s'établit l'intention,
et Dieu voyant le mouvement du cœur se laisse toucher d'a-
mour. Dieu sait bien que nous ne pouvons fournir la subs-
tance d'aucune chose. Aussi, nous a-t-il envoyé son Verbe,
afin qu'étant passé du côté de l'homme, nos œuvres aient en
lui une substance et un poids réel dans l'absolu (1).
    Nous appelons donc méritoires les oeuvres qui sont faites avec
notre liberté dans la vertu du Verbe. Ces mots, l'homme doit
mériter la vie éternelle, signifient qu'il doit en devenir digne
par le Verbe. Aussi, telle est l'idée que l'Église a attachée à ce
mot mérite. El de là, avec toute sa profondeur, cette propo-
sition du grand Concile : « La bonté de Dieu est si grande qu'il
regarde ses dons commes nos propres actions (2). »
   En définitive, l'homme nesaurait agir que dans la portée du
relatif, et Dieu saisit l'acte pour le rendre à l'absolu. La création
ne pouvait pas avoir lieu autrement : l'homme n'a à lui que
sa volonté ! Être libre, c'est être cause, c'est être Dieu, mais Dieu
dans le relatif, et c'est là le Dieu que nous sommes. Puisque
nous ne sommes et n'agissons qu'en puissance, il faut que Dieu
donne substantiellement à nos actes la signification qu'ils ont.
  ( 0 Ce fait a été exagéré par Luther. Ses erreurs viennent de ce que la no-
tion de la liberté n'entrait pas dans son esprit, de là sa doctrine : la grâce fait
tout, la foi justifie sans les œuvres, l'homme ne saurait absolument coopérer
en rien à son salut. Il appelle la liberté un crime de leze-majesté divine. ï.n
voulant attaquer l'égoïsme, Luther détruisit le moi (de servo          arbitrio    ad
Erasmo, Hoterod. 1. I, fol. 4). N'ayant pas compris la liberté, cette merveille
du relatif, on peut remarquer que Luther est resté conséquent avec la notion
exclusive de l'absolu.
  [•>.) Concil. Trident. Sess. VI, c. 16. voir Mœhol, Expos, de la Doc. calh.