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MÉMOIRES DU COMTE DE MORE (1758-1857) publiés pour la Société d'histoire contemporaine, par M. Geoffroy de Grandmaison et le Comte de Pontgibaud. — Paris, Alphonse Picard et Fils, 1898. Un vol. in-8, figures. 'EST une heureuse pensée qu'a eue la Société d'Histoire contempo- raine de rééditer les Mémoires du comte Charles-Albert de. More de Pontgibaud. Les critiques pleines de sens dont l'auteur a semé les souvenirs de sa vie aventureuse, auxquels ne manque pas non plus le piquant de boutades spirituelles et amusantes, en rendent la lecture attrayante. Hâtons-nous de le dire toutefois, le volume se recommande par d'autres qualités à l'attention de quiconque aime à retrouver l'image exacte et véridique du passé dans la peinture vivante qu'en ont laissé les contemporains. Sincérité dans l'exposé des faits, appréciation indépendante quant aux. personnes et aux choses, telles sont les conditions requises à bon droit de tout témoignage qui veut être écouté : les Mémoires du comte de More répondent à ce. double critérium et nous font bien connaître les événements auxquels ils se rapportent. Né à Clermont-Ferrand en 1758, Charles-Albert de More de Pont- gibaud étudia de très bonne heure au collège de Juilly, tenu par les Oratoriens.il en sortit à l'âge de quinze ans et s'en vint à Paris, chez, un de ses oncles. Sans conseil, presque sans appui, ce jeune homme d'une tournure agréable et d'une intelligence éveillée, ainsi jeté brusquement dans un monde à la fois élégant et frivole, se livra, comme il devait arriver, à la dissipation d'un fils de famille. Son père, qui l'avait laissé sans surveillance, s'alarma de ses dettes et le fit enfermer sans autre forme de procès. Une lettre de cachet conduisit le jeune étourdi à Saint-, Lazare d'abord, au château de Pierre-Scize ensuite, où il fut transféré le 29 février 1775. Nous voici en plein pays lyonnais, et l'épisode qui va suivre ne. marquera pas seulement, d'un trait d'audace bien rare.chez un adoles-