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84 UN PRÉCURSEUR DE LA PLEIADE parcourions son Microcosme, — c'est le second de ses longs poèmes, — de la précision, et, pour le temps, de l'étendue de ses connaissances. Mais, dans sa Délie même, sa science, et le plaisir un peu pédant qu'il éprouvait à en faire montre, l'ont plus d'une fois heureusement servi. Rien ou bien peu faudrait pour me dissoudre D'avec son vif ce caduque mortel. A quoi Tesprit se veut très bien résoudre, Jà prévoyant son corps par la mort tel Ouavecques lui se fera immortel, Et qu'il ne peut que pour un temps périr. Donc, pour la paix à ma guerre acquérir Craindrai renaître à vie plus commode ! Quand sur la nuit le jour vient à mourir, Le soir d'ici est Aube à l'Antipode ? Quel poète ne serait fier d'avoir signé ces deux derniers vers? Et si j'ajoute que la justesse ou la subtilité de ses applications mythologiques ne le cède point à l'élégance de quelques-unes au moins de ses allusions scientifiques, ne lui pardonnerez-vous pas d'en avoir quelquefois abusé ? Il a cru que toutes les ambitions étaient, non seulement permises, mais imposées à la poésie par la noblesse de son origne ; — et les poètes seraient bien ingrats, s'ils ne lui en avaient quelque reconnaissance. Là est la vraie raison des éloges que de son vivant même ils lui ont à l'envi décernés, et, Messieurs, je pense que vous la voyez, que vous la touchez maintenant. La nuit était pour moi si très obscure, a écrit Pernette du Guillet,