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                       MAUKIU; SC:I;VH                       79

ses premiers maîtres, a publié sa Délie, chez Antoine Cons-
tantin, en 1544.
    C'est un long poème, de 4.490 vers, distribués en 449
dizains, groupés eux-mêmes neuf par neuf, et qui tous, à l'imi-
tation des Sonnets de Pétrarque, chantent alternativement les
beautés ou les cruautés de « la maîtresse », et les joies ou les
souffrances de «l'amant ».Vous remarquerez la combinaison
des chiffres, et que, de 449 dizains, si vous en retranchez
cinq, qui servent de prélude au poème, ettrois, qui enferment
la conclusion, il vous en reste 441, qui sont exactement
49 multiplié par 9, ou le produit du carré de 7 par le
carré de 3. Assurément, il y a du calcul là-dedans, et même
de la cabale ! Des « Emblèmes » bizarres, bizarrement entre-
mêlés : — L'Ane au moulin, non loin de Cléopdlre et ses
serpents, ou la Femme qui bat le beurre dans le voisinage
d'Europa sur Je Bœuf ; et ornés de devises comme celle-ci :
« Fuyant peine, travail me suit ; Assez vit qui meurt quand
veut ; Plus j'amollis, plus j'endurcis; A sûreté va qui son
fait cèle », — séparent entre eux les groupes de dizains et
achèvent de nous révéler l'intention symbolique du poème.
Je ne crois pas, et je vous l'ai dit, que la Délie de Maurice
Scèvesoit une maîtresse purement imaginaire, mais elle n'a
pas pourtant la réalité d'une autre Délie, celle de Tibulle, ou
de l'Hélène de Ronsard. Son nom même nous l'apprendrait,
qui est en français l'anagramme de l'Idée. Elle a bien existé,
mais son poète l'a moins désirée qu'adorée. Et c'est elle
qu'il a aimée en elle, mais c'est surtout l'image de la beauté,
c'est le prétexte de l'amour, c'est l'inspiratrice de ses plus
nobles pensées. Délie, objet de plus haute vertu : tel est en
effet le titre complet du poème, et, si nous l'entendons
bien, voilà, Messieurs, une idée de l'amour à laquelle certes
nos Gaulois ne nous avaient pas habitués. Ou plutôt, non !