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           UN COIN DU VIEUX LUGDUNUM ROMAIN                        43

occupe le n°29 de la rue de'Trion. Située à main gauche,
en venant de la porte Saint-Just, presque en face de la gare
du chemin de fer funiculaire, sa façade a environ 25 mètres
de longueur et presque autant de profondeur. L'arrière qui
surplombe la rue des Macchabées a une vue superbe sur la
vallée du Rhône.
   L'espace qu'elle recouvre était occupé antérieurement par
de vieilles masures qui dataient au moins du siècle dernier
et ne présentaient aucun intérêt historique ni archéologique.
   Une fois démolies, le sol fut vigoureusement attaqué par
la pioche et, sur toute son étendue, à partir d'un mètre de
profondeur, on se trouva en présence d'une énorme quantité
de déblais de toute sorte, appartenant presque exclusivement
à l'époque gallo-romaine. Les fragments de poteries étaient
en nombre si considérable, que de véritables collections ont
été constituées avec ces seuls débris.
   Ayant suivi moi-même, en 1885, les diverses phases des
découvertes de la nécropole de Trion, j'étais ainsi préparé
à apprécier la valeur et l'importance historique des objets
qu'on rencontrait à chaque instant.
   On découvrit tout d'abord d'innombrables fragments de
poteries, en telle abondance que le sol lui-même semblait
sur certains points exclusivement formé par eux. Ils appar-
tenaient à trois espèces bien distinctes: i° à un genre gros-
sier, de couleur noire foncée sans dessins ni ornements,
représentant évidemment l'enfance de l'art ( 1 ) ; 2° à des
productions moins grossières, en terre grisâtre, dont les


  (1) D'après M. Allmer, Revue Epigraphique du midi de la France 1S96,
n° 83, page 440, la poterie noire nationale ne fut point délaissée pour sa
concurrente la poterie rouge, mais perfectionnée ; elle redevint dans le
cours du mc siècle, la seule poterie usuelle du pays,