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                         DES TERRES NOBLES                             391
par le connétable de Bourbon, qui fut suivie bientôt de leur
aliénation au profit d'une foule de seigneurs engagistes.
   De toutes ces causes réunies, il résulta que, lorsque une
terre noble fut mise en vente, elle fut acquise, presque
toujours, par un bourgeois de Lyon, comme les faits que
nous allons rapporter vont l'établir.
   L'édit de Charles VIII, qui avait anobli les conseillers de
ville et affranchi les bourgeois de Lyon du droit de franc-
fief, ne fut enregistré par le Parlement que le 18 mars
 1544 (3). Aussi, pendant un demi-siècle, la noblesse des
membres du Consulat lyonnais demeura-t-elle très con-
testée, si bien que ce n'est guère qu'à compter du commen-
cement de la seconde moitié du xvie siècle que l'on peut
les considérer comme véritablement anoblis, et encore sous
la condition absolue de vivre noblement, c'est-à-dire sans
se livrer au commerce, comme l'exigea expressément un
arrêt de vérification du Parlement du 18 mai 1575 (4).
   Néanmoins, on comprend aisément qu'à compter du jour
où les bourgeois de Lyon furent affranchis d'une taxe plutôt
humiliante qu'onéreuse et qu'ils purent se prévaloir, sans
craindre d'être poursuivis pour usurpation de noblesse,


   (3) Recueil des privilèges des prévôt des marchands, èchevins et habitons
de Lyon, p. 14.
   (4) Cet arrêt porte, en effet, expressément : « Et sans approbation de
« la clause adjoustée esdites lettres patentes, qui est, que lesdits esche-
« vins jouyront des privilèges de noblesse, jacoit qu'ils fussent d'estat
 « et négociations de marchandise. » — La même réserve est exprimée
dans un autre arrêt de la Chambre des Comptes, du 23 décembre 1577 :
« Sans toutefois approuver la clause adjoustée esdites lettres, qui est, que
 « lesdits èchevins jouyront des privilèges de noblesse, jacoit qu'ils
« fussent d'estat et négociations de marchandises. » {Recueil des privi-
lèges, p. 47 et 49.)