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               CHAZAY-D'AZERGUES EN LYONNAIS                  411

   En 1702, dans le mois de décembre, une grêle effroyable
vint ravager les collines de Belmont et de Pourrières,
Chazay fut épargné, sa position au débouché de la vallée le
mettant à l'abri de ces noirs nuages, qui se partagent alors
pour aller en partie sur Limonest, en partie sur Charnay,
A ce sujet, Serrant, dans son Histoire d'Anse, nous raconte
 une bonne histoire.
   Un marguillier de Belmont avait un vieux poirier qui ne
lui avait jamais rien rapporté ; avec le tronc il en fit faire
une statue de saint Julien, patron de ce village. Il la plaça
en haut du clocher, près de ses cloches, afin que saint
Julien pût, de là, étendre sa protection bienveillante sur
toute la paroisse. Un jour que notre sonneur était monté à
 son clocher pour que les cloches mises en branle, selon la
 dangereuse coutume de nos campagnes, éloignassent la
grêle qui menaçait, il tirait de toutes ses forces sur les cordes
en criant à perdre haleine : Grand san Zelin, présarve no de
la grêla ! Grand saint Julien, préservez-nous de la grêle !
   Mais malgré ses vociférations la grêle tombait drue et
semblait faire rage. Saisi de colère en voyant le peu d'effi-
cacité de ses appels, il saisit la statue du saint et la jette avec
force du haut du clocher en bas, en s'écriant : Va te no ren
valu var, tu ne vou ren se ! Et au milieu de cette malé-
diction la statue alla se briser sur le sol.
   L'histoire ajoute qu'à quelque temps de là, comme il
sonnait encore pour éloigner un nouvel orage, le tonnerre
tomba sur le clocher, atteignit notre homme et le foudroya.
On ne manqua pas de dire que c'était une juste punition
de la grave insulte qu'il avait faite à saint Julien (16).


  (16) Serrant. Hist. d'Anse, p. 238.