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88                  UN ÉPISODE LYONNAIS

trousse sur nos gens qui étaient à siège devant Crevant, et
que ladite place est demeurée auxdicts ennemis. Toutefois
n'y avait-il, audit siège, que très peu et comme rien des
nobles de notre royaume, mais seulement Ecossais et
Espagnols et autres gens de guerre étrangers. Pourquoi le
dommage n'en est pas si grand. Et, ce néanmoins, vous
écrivons la chose comme elle est, afin que, en tout événe-
ment et pour le plus sûr, vous vous teniez de bien en mieux
sur vos gardes, en faisant toujours bonne diligence de bien
garder votre ville (13)- »
    Charles se consolait un peu de sa défaite de Crevant par
la pensée qu'elle n'avait coûté la vie qu'à un petit nombre
de Français. Telle qu'elle était cependant, « la chose »,
 pour parler comme lui, était des plus tristes. Et, malgré
 l'optimisme royal, les Lyonnais, qui avaient récemment
envoyé au Roi un secours de 250 hommes, durent se
demander, non sans quelque inquiétude, 's'il n'était pas
resté quelques-uns des leurs sur le champ de bataille de
Crevant.
   Mais bientôt survient la journée, encore plus funeste, de
Verneuil (17 août 1424). Cette fois la noblesse fran-
çaise a été très éprouvée, celle surtout du Dauphiné et du
pays Lyonnais. Nombre de vaillants chevaliers se sont fait
tuer ou ont été faits prisonniers.
   C'est en vain que, pour se relever de ce nouvel Azin-
court, Charles essaie de détacher le duc de Bretagne de
l'alliance anglaise en confiant à Richemond, son frère,
l'épée de connétable. Moins patriotes que le peuple ou que
les humbles gentilshommes, toujours flottants au gré de



  (13) Lettre du 2 août 1423. Arch. de Lyon, AA, 68.