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454                  ENCORE L'ESTÉREL

pour les planter aux places et aux expositions qui leur
conviennent le mieux.
    11 faut être artiste pour comprendre l'harmonie de ces
masses végétales qui vous offusquent au premier abord,
et qui, aux yeux du vulgaire, ressemblent à du désordre,
tandis que tout est à sa place: à l'ombre, les plantes qui
craignent le soleil ; au jour et au midi, celles qui se nour-
rissent de lumière; au bord de l'eau, les aquatiques, et
dans le sable, celles qui sont filles du désert. Quant aux
lignes, peu importe, qu'elles soient droites ou courbes,
 ondulées ou circulaires, c'est le hasard qui les forme, et
 croyez bien qu'elles n'en sont pas moins harmonieuses.
     La porte, je dirai, de son antre, annonce que ce n'est
 pas l'habitation de tout le monde ; les murs sont pleins
 d'excavations d'où s'élancent des flots de végétaux; les
 toits même sont envahis par des plantes grimpantes, et
 l'on pourrait rester dans le vrai en disant que sa maison
 est en culture.
     Au-devant : la mer se déroulant sur le sable d'une gra-
  cieuse crique, un petit port en miniature abritant ses
 barques, à droite un énorme rocher nommé, d'après sa
  forme, le Lion de terre; plus au large, à 500 mètres envi-
  ron, un autre rocher connu sous le nom de Lion de mer.
  Une vue splendide sur ces montagnes toujours vertes qui
  forment un diadème, tel est le repaire de cette guêpe
   qui ne pique impitoyablement que les gredins et n'a da
  miel que pour les bons.
     Ne dérangez pas le jardinier philosophe si vous voulez
   lui parler politique et rappelez-vous que c'est Villa close.
   Mais si vous avez une rose nouvelle ou quelques fleurs
   inconnues, entrez hardiment; pour vous, il n'y a pas de
   portes, vous êtes comme chez vous.
      En quittant Alphonse Karr, on suit le sentier accidenté