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430                    LE THÉÂTRE A LYON

paternelle et alla se réfugier chez les religieux de Sept-
Fonds, dans le Bourbonnais.
   L'enfant fut embarqué plus tard pour les colonies et
passa plusieurs années à Saint-Domingue, d'où il s'é-
chappa pour revenir en France. Alors, passionné pour
le théâtre, il se présenta un jour chez Lekain sous un
nom américain, déclama des vers devant lui et emporta
l'espérance que le grand tragédien lui avait fait concevoir
de le doubler un jour à la Comédie-Française. Il alla
aussitôt s'engager à Tours dans la troupe de MUe Mon-
tansier et, dès lors, il quitta son nom de famille pour
adopter un nom de guerre, qu'il tira, en l'abrégeant, du
nom même où était située la maison de commerce de son
père :
  « De monsieurde La Rive il prit le nom pompeux (1).»
   Ce fut vers 1767 que Larive vint à Lyon. Il y réussit
complètement; mais il vit avec un grand déplaisir Lekain
venir y donner quelques représentations et détourner
l'attention du public à son préjudice :
   « Vous souvient-il de votre passage à Lyon en 1767? —
écrivait plus tard l'abbé Duverney à Lekain. — Yos succès
constants à Paris peuvent bien vous avoir fait oublier vos
succès en province. Pour moi, je n'oublierai jamais l'état
d'ivresse où vous jetâtes la ville de Lyon ; que vous jouâtes
deux tragédies dans une soirée ; que vous fîtes souper plus
de deux mille Lyonnais dans la salle du spectacle ; et qu'a-
vec votre grande et belle réputation, pour garder ma place
et voir Mahomet, je courais le hasard de ne souper qu'à



  (1) De Manne: Galerie de la troupe de Voltaire, p . 294etsuiv.