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é 382 NOTICE SUR PAUL EYMARD ouvert tous les salons algériens, et il s'y était lié d'amitié avec plusieurs de nos illustres soldats: Saint-Arnaud, Pélissier, Canrobert, Trochu, qu'il visitait jusque dans leurs campements ou pendant leurs marches à travers la colonie, le plus souvent faisant la route à pied, en tou- riste, herborisant, observant, écrivant et se reposant sous la tente à côté du sac plein d'échantillons,qu'il por- tait gaiement sur ses épaules, quand il ne trouvait pas un mulet pour l'en charger. Il visita ainsi une quinzaine de fois toutes nos contrées africaines et poussa même jusqu'à Lagouath.dans le dé- sert. Une de ses plus agréables brochures rappelle, qu'a- vec un guide et un mulet, il parcourut la Kabylie.à la re- cherche de l'iris filiformis qui manquait à la collection du docteur Hénon et qu'il fut assez heureux pour lui en rapporter un magnifique spécimen, qui fut reçu avec un enthousiasme d'enfant, c'est à dire de savant. Ce perpétuel mouvement d'affaires et d'idées n'empê- chait pas le commerce de Paul Eymard de prospérer. En Ã838, il rapporta d'Angleterre,dans sa poche, le battant- brocheur et cette nouvelle invention fut une amélioration sensible dont la fabrique entière profita; en 1839, 1844 et 1855, il reçut du gouvernement diverses médailles pour les beaux produits de sa maison qu'il avait mise sur un pied hors ligne et posée au rang des plus célèbres; mais une récompense qui chatouilla peut-être plus vivement son cÅ“ur, ce fut celle qu'il reçut, en 1848, dans des conditions tellement exceptionnelles qu'il en ob- tint toute sa vie une haute notoriété. On était au mois d'avril, époque où nos rivières cour- roucées sont peu maniables même pour les meilleurs ma- riniers. Le Rhône descendait rapide et terreux, chargé des neiges fondues des Alpes et du Jura, des sables de