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NOTICE SUR PAUL EYMARD 377
guré, un nouveau drapeau arboré. Heureux âge! Paul
Eymard avoue, dans ces pages charmantes intitulées :
Souvenirs d'un gamin de 1815, que,de ces désastres de
la patrie, il n'avait vu qu'un côté : que la musique des
Autrichiens était excellente et que la présence des alliés
lui avait valu un congé.
En 1817, Paul Eymard quitta le pensionnat de l'En-
fance. Il avait fait de bonnes et fortes études et, de toutes
les carrières, il se trouvait en état de choisir. Il pencliait
pour la médecine, art à qui les médecins lyonnais ont
donné tant d'éclat ; il étudiait avec passion la physique,
l'histoire naturelle, la chimie et surtout la botanique
dans laquelle il réussissait admirablement. Mais son
père avait d'autres vues; il voulait en faire un négociant,
et, son intention étant bien arrêtée, le jeune homme dut
céder.
Cependant, avant de le faire monter sur la classique
banquette et de le mettre en apprentissage chez un
canut, stage obligé des futurs fabricants, il lui fit, sui-
vant les préceptes de l'Emile et d'après les- intentions
de Jean-Jacques Rousseau, apprendre un état manuel,
qui, en occupant ces années de jeunesse trop souvent
laissées à l'oisiveté, pourrait au besoin lui donner le pain
de chaque jour, sage prévoyance, qu'onze saurait trop
prôner. Paul Eymard apprit donc l'état de menuisier,
puis, quand il en sut assez pour gagner sa vie, il se fit
tourneur, peintre, et enfin émailleur. Ainsi mis à l'abri
de tous les caprices de la fortune, sûr désormais de pou-
voir triompher de l'adversité et de la misère, il se fit, en
1827, fabricant d'étoffes de soie, et, puisqu'il était négo-
ciant, voulut, non suivre l'ornière commune, mais per-
fectionner sa profession et l'honorer, en lui donnant
toutes les améliorations que ses connaissances si variées
lui faisaient deviner.