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374              NOTICE SUR PAUL EYMARD
   La tristesse permet-elle de montrer cet ami tel qu'il
fut? La mort n'a-t-elle pas trop solennité et de sérieux
pour que le pinceau ait toute sa légèreté, le crayori toute
sa finesse ? Et cependant, si on veut faire connaître avec
vérité celui dont on jette les traits sur la toile, ne faut-
il pas s'inspirer de son esprit, de son originalité, de sa
vie? mettre la lumière au front et l'éclair dans les yeux,
comme s'il ne reposait pas à jamais dans le tombeau?
   Paul Eymard.dont nous voulons esquisser la vie,fut une
 des figures originales de notre ville. Il était Gaulois de ra-
 ce, de tempérament, et de caractère. La taille au dessus
 de la moyenne, la figure pleine, le teint coloré, la che-
 velure abondante, les favoris encadrant le visage, le men-
 ton fin, la bouche bien formée, la lèvre un peu forte, le
 nez un peu gros, les yeux vifs, le front vaste et découvert,
 il passait, marchant avec l'aisance et la désinvolture d'un
 homme du mondejovial, correctement mis, jetant à droite
 et à gaucheson regard lumineux, souriant à tous, car
 il connaissait toute la ville, et recevant partout, sur son
 passage, les plus cordiales poignées de main, jusqu'à
 l'instant où, rencontrant un ami plus intime, il s'arrê-
 tait affectueusement, laissait épanouir son bienveillant
  sourire et, suivant qu'on fut négociant, érudit, artiste,
  homme politique ou simplement flâneur, entrait dans le
  cercle de vos idées., échangeait quelques phrases sur ce
  qui pouvait vous plaire ou vous intéresser et montrait
 bien vite que, sur tous les sujets, il eii savait autant
  que vous.
     C'est que Paul Eymard avait, en effet, beaucoup étudié
  et beaucoup appris. Entraîné par son imagination, servi
  par une haute intelligence, il avait suivi dans toutes les
  directions le chemin de la vie, et, comme tant d'autres,
  avait trouvé des mirages et des déceptions. Il avait de-