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298       NOTICE SUR LE CHATEAU DE FEUGEROLLES

   Ainsi allant, le jeune ange de la famille s'impreigne des
parfums du passé, s'identifie à l'existence de ceux qui l'ont
précédée et s'accoutume à aimer le doux foyer auprès du-
quel doit désormais couler sa -vie, a porter haut et à ché-
rir le nom qu'elle a choisi d'elle-même et qu'au pied des
autels elle a consenti à porter.
   Il est des êtres malheureux qui prétendent affectionner
le monde entier et n'être les citoyens d'aucun pays. Il
faut les plaindre, qu'attendre d'eux ? Pas de foyer, pas
de peuple.
   Le ressort de l'humanité est la famille, puis la patrie.
Oui, tous les hommes so,nt frères ; oui. tous les hommes
doivent être aimés et secourus ; mais il est une famille
à laquelle il fa"ut savoir avant tout se sacrifier; il est une
patrie pour laquelle il faut plus particulièrement savoir
mourir.
   Ceux qui prétendent aimer tout le monde n'aiment per-
sonne, pas même eux-mêmes.
   Madame la comtesse de Charpin n'a point échappé au
sort des âmes élevées et pures ; elle a aimé d'amour sa
demeure, son foyer et le nom de son mari. Fille des Saint-
Priest du Dauphiné, appartenant à la ville de Lyon par
deux de ses ancêtres, elle s'est sentie peu à peu devenir
Forézienne de cœur et d'âme et, chaque jour, s'est plus
indissolublement attachée au toit qu'elle habite, à ses
vieilles tours appuyées sur^de vieux rochers, aux remparts
montant des fossés profonds, aux terrasses dominant un
horizon immense, à cet ensemble qui fait si douce la vie:
aux souvenirs du passé, aux ayeux, aux riches voisins
qu'on aime, aux pauvres dont on est aimé, aux humbles
maisons dont ont connait le chemin, aux souffrants que
l'on soulage et qu'on va consoler.
   D'aimer à vouloir connaître, il n'y a"qu'un pas.