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276 JOURNAL DES NOUVELLES DE PARIS On se prépare cependant à former trois camps, comme si nous avions quelque chose à appréhender ; la maison du roi seule sera dispensée d'y aller. Le mariage du duc de Lorraine a été célébré le di- manche gras (1 ) par un festin que donna M. d'Estainville, où tous les ministres étrangers et toute la cour, à l'excep- tion de M. le Cardinal, assistèrent. Ce qu'il y a eu de sin- gulier à ce dîner, c'est que les 130 entrées qui formèrent le premier service furent servies chaudes, ce que l'on re- garda quasi comme impossible en pareille occasion ; mais une chose plus extraordinaire et qui vous surprendra da- vantage, c'est que M. d'Estainville (sic) avait envoyé les billets d'invitation pour le repas aux seigneurs qui de- i vaienty assister, avant d'avoir fait part au roi du ma- riage de son maître. Les spectacles sont toujours très-brillants, si vous en exceptez la Comédie Italienne, aussi vide de sens que de spectateurs : elle va perdre même son petit Arlequin qui s'en retourne en Italie avec sa famille, ne pouvant plus subsister à Paris. Ils viennent cependant de donner une pièce du petit La Noue que vous avez vu jouer à la Comédie à Lyon, et que la Gautier honorait de ses bonnes grâces, la Ter- reur de Mars (2), elle est en un acte et en vers ; il y a longtemps que je n'ai rien vu de si joliment écrit. Les vers mêmes ont un caractère de nouveauté dans le tour et dans l'expression, et les portraits qu'il peint à miracle ont le même avantage. (1) Le 12 février, avec ]*archiduchesse Marie-Thérèse, Joseph de Choiseul, marquis de Stainville, était plénipotentiaire du duo de Lor- raine en France, chevalier de la Toison-d'Or, et demeura a m b a s s a - deur de son maître devenu empereur. Son fils aîné fut créé duc et pair d'Estainville en 1759, ministre de la guerre et des affaires étran- gères ; mort en 1785. (2) Comédie en un acte, en vers libres. k