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272 JOURNAL DES NOUVELLES DE PARIS Conty la trouve assez aimable pour le consoler des infi- délités deRabon qu'iïa honteusement répudiée. On y joue toujours Persée (1), qui se soutient très-bien en dépit des rameauneurs qui sont furieusement consternés de la dis- grâce de Castor (2). On prépare Atys pour le 7 du mois prochain (3). Lully reprend à l'Opéra les anciens droits comme Racine et Corneille à la Comédie-Française où ont échoué presque toutes lés nouveautés. Lisymachus (4), tragédie nouvelle defeii M.deCaux, vient d'avoir ce mal- heureux sort, et malgré la beauté de sa versification, elle n'a vu que cinq fois la lumière ; le peu d'intérêt qui y rè- gne et la maladresse de l'auteur de n'avoir pas su intéres- ser les femmes par le cœur, qui est leur endroit sensible, a été en partie cause de son peu de succès ; ce sont les fenl- mesquiont aujourd'hui le sort des auteurs entre les mains, c'est à elles qu'il faut chercher à plaire ; le parterre, au- trefois si souverain législateur, va rechercher ses suffra- ges dans les regards des premières loges. La Comédie-. Française vient de faire une acquisition nouvelle dont je suis enchanté. C'est,selon moi,une actrice qui a toutes les qualités de la Lecouvreur et qui n'en a pas les défauts, la plusbelle voix du monde et qui déclame si distinctement qu'on ne perd pas une seule de ses lettres, beaucoup d'â- me, de noblesse et de feu; la figure n'est pas extrême- ment jolie, mais elle n'est pas rebutante, et elle a un visage qui joue aussi bien que ses entrailles. Toutes les comédiennes tragiques se sont soulevées contre elle et ont formé des cabales que le public a détruites par desapplau- (1) Tragédie-Opéra de Quinaulfc et Lully. (2) Tragédie-Opéra de Bernard et Rameau. Les auteurs des Anee» dotes Dramatiques disent cependant que le succès de cette piècefut. si grand que le musicien Mouret en devint fou de jalousie. (3) Tragédie-Opéra de Quinault et Lully. A cette reprise on força l'entrée à 10 heures du matin et à midi il n'y avait plus de places. (4) Tragédie posthume de M. de Caux, achevée par son fils.