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PIERRES A ÉCUELLES ET A BASSINS 257 l'âge quaternaire a semés sur nos campagnes pendant la grande tourmente de la nature de cette lointaine époque. Arrachez-leur le manteau de mousse séculaire dans le- quel ils dorment, après leur lointaine migration, faites-les parler, comme le dit M, Desor ; ils ont à vous dire l'his- toire de leur voyage accidenté et celle des hommes qui, venus après, se sont agenouillés devant eux, car ces hommes avaient une foi, un dogme, ils croyaient à l'exis- tence d'un Etre supérieur, dispensateur du bien et du mal et que l'homme était son Å“uvre et non le résultat de la transformation d'un champignon décomposé ou de quelque autre pourriture ou de quelque animal qui s'est perfectionné. Le regard de ces races primitives s'élevait toujours vers le ciel ; le nôtre ne sait plus que s'abaisser vers la terre, car dans notre orgueil nous osons dire que Dieu n'est pas et nous le chassons de ses temples ; aussi, que j'aime mieux le pieux langage du poète dont je vous ai déjà cité quelques vers inspirés par les blocs dont je vous entretiens ici : Quel spectacle, Seigneur! et que ton Å“uvre est belle !, Qu'est l'homme devant toi quand, tremblant, il épèle Le livre si divin à ses yeux présenté ? Que sont les jours ? Il compte en son esprit rebelle. Tu nous en fais, soudain, des jours d'éternité ! A cet aspect, surpris, quel savoir ne chancelé ? Il lui faut se courber devant l'auteur des choses, Aussi grand dans le ciel que dans les fleurs écloses Aux rayons bienveillants de l'un de ses soleils. Et par cet infini dans lequel tu reposes Tu semblés dire à qui veut scruter tes conseils : Mesure si tu peux ou compte si tu l'oses !.' Léôpold NÃÉPCE. 17