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176            PIERRES A ÉCUELLES ET A BASSINS                       >

   Ne dédaignons pas. ces récits naïfs, ajoute M. Aymard,
ne sait-on pas que sous le merveilleux qui les voile, les lé-
gendes recèlent souvent des lueurs de vérité ? Si celle-ci
a réellement un sens, laisserait-elle entrevoir la lutte de
la foi évangélique contre les rites tenaces d'un culte anté-
rieur dans un lieu, dans deux peut-être, d'où l'on n'au-
rait pu qu'à grand'peine les extirper ? Sans attacher trop
 de valeur à cette conjecture, rappelons cependant que le
culte des pierres, à les considérer comme autels et comme
simulacres informes de divinités, ainsi que le culte des
arbres et des fontaines, persista longtemps dans les Gaules
après l'établissement du christianisme. C'est un fait établi
par les prédications des plus anciens évêques, par les
actes des saints et les défenses des conciles...
   Néanmoins, plus d'une fois on dut tolérer des lieux
vénérés par les populations, seulement on les plaça sous
l'invocation des saints pour substituer ainsi le nouveau
 culte aux anciennes superstitions qui avaient, chez le
 peuple plus particulièrement, de si profondes racines (1).


replis toute la motitagne. Saint George, premier évéque du Puy,
arrive, monté sur un vigoureux coursier, et, à coups de sabre, coupe
sur cette pierre le corps du monstre. L'échancrure et l'empreinte
du pied du cheval et les croix en indiquent la place. D'autres rayures
sont les marques des coups de sabre. Il paraît cependant que la
lutte ne fut pas sans péril, car on a tr.ouvé les os du cheval dans le
sol du cercle de pierres. Ici comme à Claudette, on amène en dévo-
tion des enfants en bas âge. »
   Cl) A Lyon on a vu aussi une tradition populaire se transmettre
fidèlement de siècles en siècles avec une constance incroyable. On
voyait, dit le Président de Bellièvre dans son Lugâunum        pnscum,
dans l'église Saint-Etienne, une statue antique engagée dans le
mur et chargée de fruits, d'agneaux, de poules et d'autres sortes
d'animaux, à laquelle le peuple avait donné le nom de Sarrabo, au
lieu de dire Serrago qui signifie à peu près la rjême chose que
copia: abondance. On observa que plusieurs personnes de la po-
pulace, surtout les femmes, venoient régulièrement tous les ans,
le soir de la veille de Saint-Etienne, présenter des chandelles et
d'autres offrandes à cette idole, dont elles s'approohoient avec res-
pect, mais en lui tournant le dos et à reculons, et qu'après cela elles
se promettaient la plus abondante récolte ; M- Jacques d'Amon-
court, Précenteur de l'église de Lyon, faisant rebâtir la chapelle de
Sainte-Croix, fit mettre en pièces cette idole, au XV" siècle.