page suivante »
NOTICE SUR PHILIPPE THIERRIAT 147 père lui avait procuré la somme exigée par ses deux as sociés, ceux-ci étaient connus et lancés, tout souriait à la nouvelle entreprise. On était en 1833, il semblait que tout fût favorable à l'élan commercial et en effet, rien ne fut brillant comme leur commencoment. Mais comme le réveil fut désenchanté ! Messieurs Nalès et Proton, fils de famille, entraînés par leurs relations, eurent le tort de laisser toute la charge du commerce à leur jeune et infatigable associé. Celui-ci, épris des idées nouvelles, plein de condescendance et de pitié pour le sort de l'ouvrier, ouvrit largement la main à ceux qui, par leurs peines et leurs travaux, contri- buaient au succès de son industrie. Emu de compassion pour ses obcurs collaborateurs, facile et confiant pour toutes les infortunes qu'on lui dépeignait, il aurait voulu effacer la misère de ce monde. Malheureusement, les idées larges et généreuses commencent par ruiner celui qui les professe et veut les mettre à exécution. Pauvre monde que le nôtre où celui qui fait le bien récolte si souvent l'infortune et le malheur ! Après dix années de luttes, il fallut s'arrêter. Messieurs Nalès et Proton voulurent liquider: la maison fut dissoute et Philippe Thierriat se vit de nouveau, à trente ans, à la recherche d'une position. Il ne se découragea point pourtant, à en juger, du moins, par les vers suivants qui datent de cette époque et que nous avons trouvés dans ses manuscrits : LA RICHESSE Quel doux bonheur pour le poëte, Que d'aller seul, à travers champs, Sans d'autres projets dans la tète Que de contempler le printemps.