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458             HISTOIRE D'UNE PENDULE,

   —-Rançon, répliquai-je, il n'a rien, ni lui ni sa mère.
   — Il me faut une rançon ou je le tue comme un chien.
 N'a-t-il pas des parents, des amis pour le racheter?
   Des parents,des amis,PierreLirchun'en avait guère,ou,
 pour mieux dire,n'en avait point, mais quand on se trouve
 en présence d'une aussi horrible alternative, comment
 pourrait-on hésiter, sans compter que la mère Lirchu,
pâle et maigre comme un spectre, les mains jointes de
 douleur et d'épouvante, venait d'apparaître.
   — Je donnerai pour lui, m'écriai-je. Que vous faut-il ?
 Vingt francs, trente francs ?
   — II nous faut plus que cela.
   — Plus que cela ! autant dire que vous voulez sa mort.
 Vous m'avez ruinée, où prendrais-je tant d'argent ?
   — Eh bien ! tenez, la mercière, puisque vous vous inté-
ressez à ce gars, et il paraît que vous êtes la seule (per-
 sonne en effet n'avait offert la moindre somme, tant le
malheur endurcit) nous allons tout arranger, sans qu'il
vous en coûte rien. Vous avez une vieille pendule cachée,
nous le savons, donnez-la nous et la vie de ce drôle est
sauvée. Ce n'est pas la mettre à trop haut prix ? ajouta le
Prussien en ricanant.
   Je me sentis devenir toute pâle. Sacrifier ma pendule,
ma chère pendule ! Ah ! sans doute, je ne pouvais balan-
cer entre elle et la vie d'un homme, d'un homme môme
tel que Pierre Lirchu, mais je vous ai dit à quel point
j'y tenais.
   — Oh ' exclamai-je avec douleur, en pensant à la
trahison, qui a pu vous dire ?
   — Nous l'avons su dans le village ; comment ? Que
vous importe. Vous ne voulez pas la donner, soit. En
joue, Friedricht.         .
  — Arrêtez, je vous donnerai cinquante francs, cent