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128               LA BATAILLE DE KÉZLB

   Bien autre était la position des Ottomans. Leur armée
composée de Turcs, de Kurdes, et d'Arabes, de réguliers
et d'irréguliers, de Nizam et de Rédif, manquait de nerf,
de confiance et de solidité. Les soldats ne connaissaient
pas leurs chefs et ils ne se •connaissaient pas entre eux.
L'intrigue et la faveur avaient contribué à la nomination
de quantité d'officiers et de généraux et nul d'entre ces
officiers ne pouvait avoir une foi aveugle dans le génie
de ses camarades, une confiance illimitée dans leurs ta-
lents et leur bravoure, pas même en ceux du général
en chef. »
   Quand l'armée égyptienne se mit en marche, au point
du jour, Soliman tira sa montre, salua ses officiers et, leur
montrant le camp ennemi :
   — « Messieurs, leur dit-il, rendez-vous à (rois heures
précises, dans la tente du général en chef. »
   Le hourra qui lui répondit, monta dans les airs et
l'enthousiasme, courant de rangs en rangs, pénétra jus-
 qu'au cœur du dernier soldat.
   L'armée reprit sa marche oblique autour du terrible
camp retranché, manœuvrant avec une précision qui
frappait même les officiers ennemis, offrant, tantôt le
flanc, tantôt le front; invitant les Ottoman? à descendre
de leur colline, et continuant à s'avancer en bon ordre
pour arriver à leur hauteur.
   C'était Soliman qui avait donné l'ordre de marche et
disposé les régiments de manière à pouvoir se soutenir
en cas d'attaque, sans se gêner dans leur pérégrination
sous les yeux de l'ennemi. Les papiers militaires nous
ont conservé ce souvenir que nous croyons devoir donner
pour la gloire du major général.
   « Dès la pointe du jour, disent ces papiers, l'armée
reprit son mouvement de flanc, disposée sur trois lignes