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326                    COUVENT DES MINIMES

léger de bagage et d'argent, il visita les principales
Universités de France, s'asseyant au pied de la chaire
des professeurs les plus célèbres, écoutant avec avidité
leurs leçons, unissant toutes les sciences : le droit, la
théologie, la médecine, les mathématiques, acquérant
des connaissances universelles, professant à son tour et
laissant partout sur son passage le souvenir d'une jeu-
 nesse sérieuse, d'une vaste érudition, d'une éloquence
 applaudie. On le trouve successivement à Orléans, à
 Lyon, à Valence, où il fait un cours de philosophie ; à
 Avignon, où il est reçu docteur en théologie ; à Mont-
 pellier, où il apprend la médecine ; à Toulouse enfin où
 le Parlement lui envoie une députation pour essayer de
 l'attacher à l'Université.
    Quelquefois de grands seigneurs arrêtent le voyageur
 et l'obligent presque par violence à recevoir leur hospi-
 talité et à la payer par des leçons. Il fut sur le point de
 passer en Espagne où une chaire de mathématiques lui
 était offerte dans la célèbre Université de Salamanque (1).
    Mais il résista à toutes les offres et h tous les honneurs.
 A vingt-cinq ans, avec son triple doctorat en droit, en
 médecine et en théologie, il s'enfuit subitement de Mar-
 seille et vint frapper à la porte du monastère de la
 Croix de Colle ; le lendemain, il revêtait la bure noire de
 saint François de Paule. Désormais, ce qu'il avait fait
 pour acquérir la science humaine fut tenu pour rien ;
 toute son attention, tous ses soins se tournèrent à deve-
 nir le plus humble de ses compagnons de noviciat, le
 plus mortifié, le plus obéissant, le plus inconnu. Cette
 préparation qui sanctifie l'âme et la rapproche de Dieu



  (1) Cf. Histoire des Minimes, par Dony d'Attichy,