page suivante »
42 LA BATAILLE DE WÉZIB joindre encore, sans motif, des mesures désolantes pour le commercé et les populations en général. » Nous ne pouvons trop, nous semble-t-il, admirer le ton calme, les idées sages de cette lettre. Vu sous un nouveau jour, Soliman, si fougueux sur le champ de ba- taille, savait donc plier l'énergie de son caractère aux exigences de la diplomatie et, tout homme d'action qu'il fût, parler des droits de l'humanité et des maux qu'en- trainela guerre, comme un philosophe et un penseur. Prêt à repousser la force par la force, il se plaint que l'on soit obligé d'en venir aux moyens violents et il déclare qu'il reprendra les procédés pacifiques aussitôt que l'armée ennemie cessera ses agressions. Il parle avec amertume des mesures désolantes qui vont frapper les populations et, dans toute cette pièce, laisse deviner au lecteur que sous son enveloppe d'homme de guerre bat un cœur bon, juste, loyal et généreux. Mais il semblait que, dans cette guerre, les Turcs vou- lussent mettre toutes les agressions et tous les torts de leur côté, tandis que les Égyptiens se tenaient sur la stricte défensive et se donnaient les mérites de gens bru- talement attaqués. Hafiz, héritier de la vengeance de Reschid, brûlait, en effet, de se mesurer avec ses ennemis et, pour assurer son succès, il cherchait à troubler la Syrie, fomentait les mécontentements et faisait des offres et des promesses qui n'étaient pas toujours dédaignées ; il faisait valoir la flotte formidable qui allait venir croiser sur les côtes de Syrie, tandis que des nuées d'Arabes attaqueraient par l'Orient; il concluait en affirmant que jamais les Egyp- tiens ne résisteraient aux cenf cinquante mille hommes qui se disposaient à les écraser. Puis, ouvrant les hostili- tés, sans déclaration de guerre, il faisait enlever les