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124 LA BATAILLE DE NÉZIB ' Cependant, les Egyptiens passaient à travers un pays couvert, difficile et des défilés longs et dangereux. A la hauteur de Kardikala, en face de Nézib, l'armée turque essaya d'entraver sa marche et quelques batail- lons d'infanterie appuyés par de l'artillerie, franchirent leKarsim pour lui disputer le passage. Soliman, qui pré- voyait un mouvement, se tenait sur ses gardes. Il aper- çoit un mamelo'n à sa droite ; le fait occuper par deux batteries et par deux régiments d'infanterie et, du côté de l'ennemi, à sa gauche, il fait avancer un régiment d'infanterie et un régiment de cavalerie, non loin du confluent des rivières. Cette prompte manœuvre, faite avecénergie et précision, intimida les Ottomans qui s'ar- rêtèrent et laissèrent l'armée égyptienne poursuivre sa marche aventureuse jusqu'au pont d'Horgoun. Soliman n'atteignit l'avant-garde campée sur la rive gauche du Karsim qu'à dix heures du soir. Quoique l'ar- mée fût harassée, il lui fit franchir le pont et l'établit de l'autre côté du cours d'eau. Si, pendant qu'elle passait, Hafiz l'eût attaquée, sans doute que ses troupes fraiches et reposées auraient rejeté dans la rivière les Egyptiens fatigués et mourant de sommeil. Il n'eut pas cette ins- piration et, là encore, les Africains purent se dire qu'ils avaient échappé à un sérieux danger. Pour se défendre d'une surprise nocturne, Soliman fit disposer l'artillerie en éventail, sur le front du camp, mais, grâce à la pa- tience des Turcs, cette précaution fut inutile et rien ne vînt troubler le repos des Égyptiens. Hafiz n'était cependant pas resté inactif. Par les soins et sous la direction de M. de Moltke, il avait fait faire un changement de front à son armée ; les batteries qui couvraient l'ouest étaient devenues inutiles. Les redoutes furent abandonnées et on se hâta de faire quelques tra-