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HISTOIRE D'UNE PENDULE 451 cède à mon dernier effort, non sans quelque dommage, et sous le foin, la paille, le papier découpé en étroit ruban par des mains minutieuses, nous découvrons la vieille et grande pendule en forme de violon, vitrée devant et sur les côtés, au large cadran, aux aiguilles finement ouvra- gées. Le corps, en simple bois, était criblé de petits trous. Il était recouvert d'un vernis de couleur verte, fort prisé sous la Restauration, paraît-il, car j'ai vu nombre de con- soles, de cadrés, de glaces, jadis dorés, recouverts de cet enduit étrange. Les ornements de cuivre étaient irrégu- lièrement placés, ainsi que cela se pratiquait sous Louis XV. Le support et une espèce de couronnement détaché por- taient chacun à leur extrémité une boule dorée. Nous eûmes un peu de peine à trouver dans la bou- tique un endroit convenable pour placer le précieux ob- jet. Enfin, après bien des hésitations, il nous parut qu'il ferait très-bien en face de la porte d'entrée. Mon fils planta solidement des clous pour le support sur lequel nous mîmes la pendule avec toute la précaution et le res- pect possibles en n'oubliant pas de l'assujettir par un fil de fer qui la reliait au mur au moyen de deux anneaux vissés. Lorsqu'elle fut remontée, nous nous reculâmes jusqu'au milieu de la boutique pour mieux la contempler : elle faisait un très bel effet. Mais ce qui acheva de nous char- mer, ce fut la sonnerie. Il nous sembla n'avoir jamais entendu de timbre aussi harmonieux, doux et sonore à la fois ! elle sonnait les heures, les quarts, les demies, les trois quarts. Les. heures étaient précédées de quatre avertissements, en sorte que c'était une musique perpé- tuelle que cette pendule et que je sentais bien qu'elle allait me tenir compagnie dans les moments de chômage ou la nuit quand je restais éveillée... Combien de fois