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148 LE SALON DE 1878 M. de Gravillon, qui est resté lyonnais par le cœur, a fait, comme, à l'ordinaire, un copieux envoi. Il faut toujours s'attendre de la part de cet artiste, aussi original que spirituel, à quelque œuvre plus ou moins philosophi- que et à quelque bouffonnerie tout auprès* ; car la médi- tation et le rire jovial ont place tour h tour dans son es- prit et se trahissent sous son ciseau. A côté du beau buste de Mme de Gravillon, qui est l'œuvre d'un habile sculpteur, on trouve une allégorie qui a pour titre : L'Aspiration, avec cette pensée mélancolique de Théophile Gautier: « Mon cœur est comme un co- lombier plein de colombes. Chaque jour il s'en envole quelque désir; mais les colombes reviennent au colom- bier, et les désirs ne reviennent point au cœur.. » Tournez le feuillet ou plutôt jetez les yeux sur le sujet voisin : il n'est plus question de colombes ; c'est une char* mante scène humouristique, pleine de vie comique et de gaieté: Parlez au portier. Plus loin encore, cet Ite missa est qui semble annoncer quelque grave conception, c'est un jeune clerc espiègle qui boit d'un trait le contenu de la burette. M. de Gravillon sait .de la sorte, suivant le précepte du poëte, « mêler le grave au doux, le plaisant au sévère. » Il serait injuste de terminer sans signaler au public les deux jolis bustes d'enfants, de M. de Gautherin, et les deux bronzes de M. Martin : Louis XI prisonnier à Péroné et La chasse aie nègre marron, qui a obtenu le prix de cise- lure au concours de 1875. Maintenant que je me suis acquitté tant bien que mal de ma tâche de cicérone, ceux qui m'ont accompagné ont pu voir que si les artistes d'une réputation éprouvée occupent toujours glorieusement la place qui leur est due, les jeunes ne sont pas moins nombreux dans cette arène