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JOURNAL DES NOUVELLES DE PARIS 439 Ce 12 février 1735. J'aurais voulu dès mon arrivée avoir un volume de nouveautés à vous envoyer, mais six mois d'absence dé- rangent bien les idées et il faut du temps pour se remet- tre au fait de son Paris.. .. J'ai retrouvé Paris comme je l'avais laissé, c'est-à -dire avec beaucoup de goût pour le plaisir dans le temps même qu'on est le moins en état d'y satisfaire.... Vous savez que M. de Noailles va comman- der l'armée en Italie (4).Le public regarde ce changement comme une faveur, mais les spéculatifs le regardent d'un œil bien différent. M. de Noailles était le seul homme à la cour qui put donner de l'ombrage au substitut du car- dinal: on ditque cet éloignementestun traitde sa fine poli- tique etqu'il ne l'a fait passer les monts qu'afin de détour- ner le coup qu'il aurait pu lui porter dans le cas d'un acci- dent que le grand âge du ministre donne lieu tous les jours d'appréhender. Le maréchal en a été la dupe, mais on dit sa mère plus habile, car on dit que le général lui ayant écrit une lettre pour lui apprendre l'honneur que lui fai- sait S. M., elle lui a répondu en quatre paroles. « Je vous souhaite, mon fils, toute la fermeté et le courage nécessaires pour soutenir l'honorable exil qu'on vous a préparé. » On compte que M. de Coigny ne jouira pas longtemps de l'honneur de commander l'armée du Rhin, et que cet honneur regarde M. de Bellisle sous les ordres du comte de Clermont en qualité de généralissime.Ce qu'il y a de certain, c'est que ce prince prend beaucoup de goût pour ce métier et qu'il fait sa cour au garde des (!) Il mourut, eu 1737, à l'âge de vingt ans, colonel d'un régiment de son nom, sans avoir été marié,