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       JOURNAL DES NOUVELLES DE*PARIS

                                                     1er mai 1734.
    Soit dit entre nous, on crie beaucoup dans ce pays con-
 tre M. de Fontanieu (1) et l'on publie hautement qu'il est
 en partie cause de ce que nous n'avons pas prévenu les
 Allemands dans le passage du Pô,par le défaut de farines
 et que l'armée est en danger imminent de mourir de
 faim... Je tiens cela d'une personne à qui M. le garde des
 sceaux a fait voir une lettre que lui écrit M. de Fontanieu
 à ce sujet qui est des plus touchantes et qui rejette la
faute sur le sieur Pouget, général des vivres, qui pourrait
très mal passer son temps en ce pays là... Les Académies
 des sciences et des belles lettres ont fait leur rentrée
d'après Pâques à l'ordinaire. Le prix de celle des sciences
fut partagé entre deux ouvrages entre lesquels l'Académie
n'osa décider, peut-être que la qualité des concurrents
fut le motif de l'indécision : les deux rivaux étaient MM.
de Bernouilly père et fils. (2)
   M. Pajot Dosembray (3) lut la description d'une ma-
chine de son invention propre à connaître les vents, leur
durée, leur force, leur violence: elle est à roue, à poids
et à pendule. On fut content des explications que l'auteur

    (1) Maître des requêtes, fils d'un homme qu'on a vu laquais, dit
 Marais, marié, en 1724, à M11' de Villequoy. Il devint intendant de
 Grenoble, conseiller d'État et mourut en 1764 : c'est à lui que l'on
 doit l'une des plus précieuses collections manuscrites de la Biblio-
 thèque nationale. Il était alors intendant à l'armée d'Italie.
   (2) Nicolas, mathématicien, né à Bâle en 1687, mort en 1759, auteur
d'ouvrages importants.— Daniel, médecin et également mathéma-
ticien, né à Groningue en 1700, mort en 1782. Reçu à l'Académie
des sciences en 1728, après y avoir été couronné dix fois, dont une
fois avec son père qui ne lui pardonna jamais.
   (3) Louis Pajot, natif d'Ons-en-Bray, savant mécanicien (1678-1754)
directeur général des postes après son père, reçu académicien hono-
raire en 1716. L'instrument dont il est question, l'A tiémomètre, servait
à marquer de lui-même sur le papier non-seulement les vents qu'il a
fait pendant 24 heures, et à quelle heure chacun a commencé et
a fini, mais aussi leurs différentes vitesses ou forces relatives.