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           GÉNÉALOGIE DES COMTES DE VINTEMItLE.           427

 contre toute espérance, nous meine et conduict en lieu où
 l'on n'aiamais pensé.
    Estant les reliques de la religion de Ehodes à Viterbe
 et à Nice, mes parens chevaliers ne voulans ou ne pou-
vans pourvoir à ma nourriture, un chevalier lyonnois
 nommé George de Vauzelles, amy de mon feu père, re-
 cognoissant quelques bons offices qu'il avoit receus de
luy, me mena en France et m'entreteint comme son fils
 aux escholles de Lyon, de Paris et Thoulouze jusques en
l'aage de vingt ans, qu'il me laissa aller sur ma foy cher-
 cher mon frère et mes parens en Italie, et me fit sentir
le fruict de l'amitié qu'il avoit portée long temps aupa-
ravant à mon père. On dit bien vray qu'il n'y a rien si
beau que faire thresor de bons amys et qu'un bon cœur
treuve quelquefois l'opportunité de monstrer qu'un bien-
faict n'est iamais perdu. En cest aage de vingt ans etplus
i'avois le cœur addonné aux lettres et aux armes, et ay
couru les Universités d'Italie, et en mesme temps visité
les villes où l'on faisoit la guerre, estant partie eschollier
et partie soldat. J'ay aussi couru la coate de Gennes, et
trouvé les brisées de ma maison paternelle, laquelle ne
me venant à gré pour les humeurs dés gens de ce pais %
ie retournay incontinent à Pavie pour achever mes estu-
des, et tost après fis le voyage d'Algier soubs l'empe-
reur Charles le Quint, et ayant traversé l'Espagne, ie me
rangeay à la cour de France, où i'ay plusieurs fois tourné
et changé de façon de vivre, selon que l'affection ou la
nécessité me commandoit. Icy ie vous puis confesser que
i'avois passé trente ans, et changé plusieurs fois d& pro-
fession avant que résoudre à laquelle ie me devois tenir
ny en quel lieu mettre le pied pour m'arrester. J'ày voulu
sçavoir plusieurs langues, m'applicquer non seulement aux
lettres humaines et aux M x , ma principalle profession,