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 292                 JEAN-PIERRE BRUYÈRE.

   seigneur, une série de reliures' où il déploya tout son
  art. Après avoir travaillé pour la reine d'Espagne, le roi
  Victor-Emmanuel, le vice-roi d'Egypte et tant d'autres,
  Bruyère voulut travailler pour lui. Rien ne l'arrêta, rien
  ne lui coûta. Les maroquins les jplus précieux, les cuirs
  de Russie les mieux choisis, les fers les mieux gravés, les
  dessins les plus purs, les soins les plus minutieux, le
  travail le plus fini, tout fut consacré à l'embellissement
  de quelques éditions rares qui lui appartenaient, puis
  la grande Exposition universelle de 1855 arrivant, Bruyère
  voulut sonder l'opinion publique; il envoya une caisse à
  Paris.
     Il fallait êlre bien hardi, simple relieur de province,
  sans protecteur, sans camaraderie, sans journaux, pour
 oser mettre les produits de son art en lutte avec les Å“uvres
  éblouissantes et prônées des maîtres de la capitale. Qui
 pouvait entrer en parallèle avec les Bauzonnet, les Gapé,
 les Duru, les Kœhler ? Aussi y eut-il un étonnement gé-
 néral à l'aspect de cette vitrine qui fut bientôt assiégée
 par les curieux. Les journalistes s'en émurent, les esprits
 indépendants osèrent louer celui qu'ils ne connaissaient
 pas, et le résultat fut pour Bruyère que ne patronait ni
 député, ni pair de France, et qui n'avait que son mérite à
 lui tout seul, le résultat fut la grande médaille d'argent de
première classe ; triomphe superbe * éclatant pour qui
                                          ,
connaît le monde et les habitudes de Paris. .
    Après la terrible inondation qui faillit, l'année suivante,
 anéantir Lyon, la préfecture du Rhône voulut offrir à
l'Empereur une collection de photographies rappelant et le
 fléau, et les désastres, et les visites de l'Empereur lui-
même aux inondés. Ce, recueil, splendide comme exécu-
tion, précieux comme souvenir, était un monument de la
reconnaissance des Lyonnais ; il devait êtxe digne et de
la ville qui l'offrait et du souverain à qui il était offert.
Bruyère fut chargé de la reliure. Sur ce livre, grand in-folio,
l'artiste jeta des abeilles, l'encadrement était d'une rare