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                        POÉSIE.

 Il craint d'y voir encor la sanglante nuée,
 Le glaive de l'Archange, et la porte obstruée
 D'ardentes légions et? d'épouvantements.
 Le vieillard a gardé, parmi ses longs tourments,
 De son bonheur perdu la plus douce parcelle,
 Le meilleur des présents d'Elohim. Jamais celle
Qui fut l'os de ses os et la chair de sa chair,
 Ne l'avait mieux aimé que dans l'exil amer.
 Même aux jours les plus beaux des fêtes nuptiales,
Quand, au souffle léger des brises matinales,
 Le couple heureux rêvait des ivresses sans fin,
Jamais pour son époux, beau comme un Séraphin,
Eve n'eut un baiser plus tendre et plus sincère
Qu'auprès du triste Hébron, témoin de leur misère.
      . v
Cet amour immuable, elle en avait vécu,
Mais lui s'était aigri de se sentir vaincu.
Depuis plus de cent ans un silence farouche,
Que nul n'avait osé rompre, scellait sa bouche.
Lorsque le père, au lieu de son fils bien aimé,
Un jour ne trouva plus qu'un corps inanimé,
Une chose sans nom, livide, ensanglantée
Pour jamais se brisa son âme épouvantée,
Sa raison s'égaïa       L'infortuné, d'abord,
Ne comprit pas l'affreux mystère de la mon.
Peut-être ce n'était qu'un sommeil plus pénible,
Plus profond, qui pesait sur son fils insensible,
Et le réveil viendrait      Mais tout espoir mourut,
Quand la Corruption hideuse enfin parut.
La mère en pleurs veilla le fruit de ses entrailles
Épouvantable veille!... On fit les funérailles
Et dans le sol creusé, sous les arbres épais,
Abel fut étendu dans l'éternelle paix.

Laissant l'Hofnrne exhaler sa colère insensée»
La Femme s'ittclina, mortellement blessée ;