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             LA FAMINE DE 1 3 7 3 , A VILLEFRANCBE.             27

   Telles furent les causes de la famine.
   Claude de Rubys a fait un récit saisissant de l'état de nos con-
trées à cette époque. « Le vin se vendit jusqu'à dix éscus l'ànée
(environ un hectolitre), qui ne vaut par communes années qu'un
escu ou quatre francs. Le bled valut six ou sept francs la mesure
que nous appelons le bichet, qui est du poids de soixante livres,-
et le pis est qu'on n'en pouvoit pas recouvrer pour de l'argent, et
il y eut grand pitié au petit menu peuple, tant en la ville qu'aux
champs. »
   « Je fus jusques à Aussonne, sur la^ rivière de Saosue, avec
noble Benoist de Monconys, sieur de Liergues (avec mission
d'acheter des blés pour la ville de Lyon); nous vismes des grands
pitiés dans les champs et pauvres gens pasturant l'herbe comme
bestes brutes. »
   Vers la fin de l'hiver de 1573, la famiue^commença à se faire
durement sentir à Villefranche, et au mois de mars, les échevins
alarmés prirent des mesures sévères contre l'invasion croissante
des indigents. Dans une assemblée du corps de ville, tenuele
huitième jour du mois de mars, fut prise la résolution sui-
vante :
   « Est enjoinct aux gardes des portes ne laisser entrer les
pauvres étrangiers.
  « Est enjoinct aux habitants de la dicte ville de nourrir les
pauvres qu'on fera distribuer par les échevins, à chacun selon
ses pouvoirs et hounesteté, à ce qu'il n'y aict aulcune plaincte
ni doléance. »
   Malgré la précaution d'écarter les bouches étrangères, précau-
tion mal exécutée d'ailleurs, la vigilance des gardiens| étant
souvent mise en défaut, les ressources diminuent et la détresse
augmente.
   Au milieu du mois de mai, l'administration communale, qui
a fait un recensement des provisions contenuesdans la ville,
sent la nécessité d'en régler l'emploi et convoque une assem-
blée des habitants pour aviser.      «