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412 ÉPURES D'ANGE MLITIEH. Il vécut d'abord à Florence, à la cour de Laurent de Mé- dicis, qui, plus tard, le renvoya en Grèce, à la recherche des anciens manuscrits dont il voulait enrichir la Biblio- thèque Laurentine. Il en rapportait, en 1494, une grande quantité, notamment du mont Àthos, qui fut, à cette épo- que, notre Sinaï littéraire ; lorsqu'on mettant le pied sur le sol de la malheureuse Italie, il y vit la guerre rallumée par l'ambition de Charles VIII, et les Français maîtres de Florence, d'où les Médicis avaient fui. Mais il faut bien reconnaître qu'à ces initiateurs de la Renaissance disper- sés par nos armés, le sort des combats préparait de lé- gitimes successeurs. Charles VIII, Louis XII et Fran- çois I er allaient recueillir, non pas la succession de Naples ou de Milan, prétexte de ces tristes combats, mais celle du nom de pères et protecteurs des lettres. Charles VIII accueillit aussitôt Janus Lascaris, et l'a- mena avec lui en France, où il s'arrêta d'abord à Lyon. Nous ne pouvons passer sous silence cette seconde en- trée du souverain qui, en fondant l'année précédente le couvent des Cordeliers de l'Observance, s'était montré vraiment, selon la judicieuse remarque de leur historien, le dernier roi du moyen âge et qui revenait du champ de bataille de Fornoue, accompagné de Lascaris et de Fauste Andrelin, digne du nom de premier roi de la Renaissance. Nous ne pouvons oublier que ces deux événements ont eu Lyon pour théâtre, et il ne sera pas de trop dans cette étude, d'aller chercher, aux sources, le récit contemporain de l'entrée du 7 novembre 149b. C'est le secrétaire de J a reine Anne de Bretagne, maître André de la Vigne, lequel il avoit commis à coucher et mettre par écrit ce présent voyage, qui nous le fournira dans son naïf journal. « Le samedy, septième jour de novembre, l'an 1495, le Roy alla dîner à Venissière (1) et coucher à Lyon... et est à sçavoir que de Lyon sortirent les manants et habitants, (1) C'est Venissieux qu'il faut lire.