page suivante »
LE TABLEAU DU PÉHUGIN AU MUSÉE DE LYON. 17
n'y avait aucune nécessité d'en venir à cette mesure ex-
trême. Toutfut.inutile. Il nous fut répondu par écrit, qu'on
nous remerciait de nos avis, mais que la détermination
était prise, et que d'ailleurs, la ville avait contracté un en-
gagement avec celui qui était chargé de la réparation.
Seize mille francs furent ainsi dépensés dans une louable
intention, mais ce que nous avions prévu arriva. En tail-
lant le panneau, on reconnut que le bois était sain, et mal-
gré l'habileté du réparateur, uns grande partie du man-
teau de l'Apôtre saint Jean s'étant détachée, on fut forcé
de le repeindre. Outre cela, le tableau perdit sa couleur
ancienne, devint d'an ton dur et criard, et le blâme fut uni-
versel. Nous l'avions prédit... Depuis cette époque, le ta-
bleau a repris un peu de ce ton doré qu'il avait à un si
haut degré, mais il est encore loin de ce qu'il a été.
Un conservateur avait succédé à Artaud en \ 833, et
pendant près de quarante ans n'avait pas feu l'idée de re-
chercher ce qu'étaiemVdevenues les parties si brutalement
coupées à cette œuvre magnifique.
Appelé à notre tour à succéder à Thierriat dans la con-
servation de nos richesses artistiques et réunissant ces
nouvelles fonctions à celles que nous exercions déjà depuis
treize ans, pour les musées archéologiques, nommé pour
cela, au 49 avril 4 870, Directeur des musées de la ville et
du palais; et après avoir reconstitué les musées que nous
avions fait disparaître lors de la guerre de 4870 et \ 874,
nous avons voulu réparer la faute de nos prédécesseurs et
faire nos efforts pour recouvrer les parties arrachées à no-
tre Pérugin.
On avait perdu le souvenir de ce qu'elles étaient deve-
nues. Nous jugeâmes qu'une enquête étaiè d'abord néces-
saire. Ses résultats nous apprirent que la scène céleste,
représentant le Père Eternel et formant le couronnement
2