Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
428        GÉNÉALOGIE DES COMTES DE VINTE1IIIXE-

mais aussi à la musique, aux mathématiques, à l'archi-
tecture, à la peinture etpoësie, à faire devises et pour-
traicts de tableaux, tapisseries, verrierres et ornements
de maisons et iardins des roys et princes, avec des inven-
tions belles et rares, pour satisfaire à leurs desseings. En
ceste incertitude i'ay demeuré long temps, non par faulte
de courage, mais par deffault de moyens. Car quelque
mal ou adversité qui me soit advenue, ie n'ay iamais
perdu le cœur, ains ay aspiré à meilleure fortune ; iamais
ne pris plaisir avec les ignorants, ny conversé avec les plé-
béiens; volontiers me tenois es palais des roys, princes et
grands seigneurs, et ay maintefôis disné par cœur pour
avoir leurs devis, et disputer avec les hommes excellents,
fust en doctrine ou en faict de guerre. Ce courage me fit
cognoistre au grand roy François, vray patron des bons es-
prits, lequel me commanda de luy translater de grec la'Cy-
ropedie de Xenophon. Ce que ie fis, et luy en donnay deux
livres escrits de ma main devant qu'il mourust à Rambouil-
let. En mësme temps ie traduisis l'histoire grecque d'He-
rodian des empereurs de Rome, et le Prince et la Guerre
de Machiavelli, Italien, que ie donnay à monsieur de Mon-
morancy, pour lors connestable de France ; et pour mons-
trer que ie n'avois mal profité à l'estude des loix, ie fis im-
primer les Digestes à Paris, corrigez sur les Pandectes
florentines, et y adioustay mille bons passages que i'a-
vois recueillys en Italie plus de dix ans devant que le duc
de Florence donnast les vrayes Pandectes à l'impression.
Et fis aussi plusieurs autres ouvrages de ma main, pour
n'estre oysif et inutile, lesquels se trouveront es mains de
mes amys. Le roy Henry II, auquel ie donnay la Cyro-
pedie complette, me fit donner 400 escus, avec lesquels
je me mis en ordre et me fis cognoistre aux princes et
grands seigneurs. J'estois bien aymé [de messieurs les