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                   BIBLIOG%A(PHIE.

    QUELQUE           RIMES; PAR M. LÉO GENIN (1).

    Il est des villes heureuses, où, par un don du ciel —
et s'entr'aidant sans doute comme le doivent faire deux
 associés bien avisés — fleurissent, à côté et à l'égal l'un
 de l'autre, l'esprit et le bon vin. Mais de toutes celles où
s'accomplit ce riant prodige, la plus voisine de nous est
celle qui me plait le mieux. Vienne ! nom cher âmes sou-
venirs; pays qu'on peut aimer sans crainte, car on l'aime
 en bonne compagnie, en compagnie de connaisseurs du
moins, ainsi que l'attestent les monuments, vestiges de
son ancienne, splendeur !
   Vienne a le soleil, d'abord. A 27 kilomètres seulement
de Lyon, c'est déjà le Midi qui commence : la patine carac-
téristique de saint Maurice est là pour le dire à ceux que
les succulentes primeurs de ce coin privilégié n'au-
raient pas persuadés. Est-ce un effet de la nature physique
méridionale qui réchauffe une nature humaine encore
frappée au type viril du Nord?... Pensez ce qu'il vous
plaira de mon hypothèse : mais ne la jugez que sur inven-
taire ; car ce vietix sol romain, qui nourrit un rival de
l'Ermitage, a aussi donné un émule à Corneille, un com-
pagnon à Alphonse Baudin !
   Mais descendons de ces hauteurs aux us et coutumes de
la vie courante. Tandis que, dans le reste de cette province,
vous entendrez répéter, à toutes les tables d'hôte : « Oh !
nous autres, Dauphinois !           plus fin que nous n'est pas
bête.' » à Vienne , l'orgueilleux dicton est en action.
Ailleurs, l'esprit s'affirme ; ici, il se prouve, et la preuve
court les rués. Charmant séjour, où, depuis cinquante ans,
d'inaltérables amitiés, fidèlement transmises de père en
fils, m'ont fait une seconde patrie, une nouvelle famille.
Là,vous trouverez l'humeur gauloise,—le sûr commerce de
  (1) In-8, de 227 pages. Vienne, 1872. Imprimerie de Joseph Timon.