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390 BIBLIOGRAPHIE. Mais Estérelle blâme son amoureux d'avoir détruit la belle forêt des arbres sublimes. Elle lui cite encore, avec une douce autorité, les preux qui se sont distingués en amour, d'une autre manière. Elle veut Calendal homme et gentilhomme par ses ac- tions, et, quelque moment, la blonde inspiratrice pleurera en- fin de joie, lorsque son ami viendra lui dire qu'on l'a élu prince de la jeunesse, ce qui est un titre provençal décerné au plus in- telligent et au plus brave. Maintenant, amis lecteurs, je ne veux pas vous dire comment, après mille traverses, le courageux, et sympathique Calendal trouve le maudit comte Sévéran au milieu de ses estafiers et de ses courtisanes; comment il lui raconte, pour le braver dans une sainte vengeance et avec une merveilleuse audace, ses faits et gestes pour l'amour d'Estérelle ; comment le comte, furieux de cette noble passion, veut perdre Calendal dans une orgie ; com- ment le jeune héros, avec le souvenir de son amante, résiste à toutes les séductions; comment il est emprisonné, puis libre, puis vainqueur de l'infâme, après un siège épouvantable soutenu contre lui, qui brûle au milieu du propre feu allumé par ses aco- lytes, dans les arbres voisins de la grotte d'Estérelle, avec l'in- tention de la consumer, elle et son amant!... Ces deux êtres d'élite seront unis, car Dieu veille et récompense l'amour gé- néreux. Non! non ! lecteurs, je ne vous dirai plus rien; j'ai assez dé- floré, avec ma prose pâle, cet éblouissant chef-d'œuvre, dont je ne vous1 ai donné qu'une faible idée. Il faut le lire, le relire; il contient de l'or en fusion, qu'il est impossible de vous mon- trer ici, pas plus que l'on ne peut saisir et reproduire la lu- mière de l'Orient, dans là splendeur que Dieu lui a donnée ! Calendal, c'est le triomphe de l'amour pur, c'est le génie et l'héroïsme, c'est le sentiment et l'adoration de la patrie dans sa plus haute acception. Certes, il est bien poète, ce beau pê- cheur qui raconte si merveilleusement toute chose ; à côté de descriptions magnifiques, il a des mots d'une grâce singulière et d'une originalité achevée. Mais ce qui frappe surtout dans les œuvres de Mistral, c'est