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280 IA SAINTE-CÉCILE. Il faut dire que l'orchestre était un peu étouffé par la masse des chanteurs qui le cachait. Ou n'entendait que les premiers vio- lons et les contre-basses. Je crois qu'une autre année, il sera bon de meltre les chanteurs cinquante centimètres plus bas, afin qu'ils n'arrêtent pas au passage les ondes sonores parties de l'orchestre. Après ce morceau, les chœurs, sous l'habile direction de leur zélé professeur, M. Holtzem, ont entonné un mottet de Vittoria, auteur espagnol du xvi° siècle. Cette œuvre, composée au moment où l'humanité se régénérait dans les arts et les sciences, où l'Espagne était dans toute la splendeur que lui avait créée Charles-Quint, a un souffle, d'inspiration religieuse et une saveur toute archéologique. On pense, en l'entendant, à ces immenses cathédrales de Burgos, Séville, Tolède, où les musiciens, caché» par de hauts jubés, font de l'harmonie au pied des autels sans être vus des assistants ; la phrase musicale s'élève du sanctuaire avec les fumées de l'encens, pendant que les rayons du soleil descendent des ogives ; tout est mystère dans ces offices, et le croyant, prosterné sur la dalle, pense écouter un suave dialogue entre les hommes et les anges. Ce mottet de Vittoria est un chef-d'œuvre, et la Sainte-Cécile l'a interprété avec des nuances parfaites et un goût irréprochable. Un excellent chanteur a dit un air de Haydn, avec accom- pagnement de chœurs et d'orchestre. 11 a fait preuve non-seu- lement de talent, mais de science vocale. Les contemporains de Haydn lui reprochaient de faire de la musique sacrée trop gaie. — « Je ne vois pas, disait-il, pour- quoi je serais triste en pensant à Dieu. » Je dois constater que dans le morceau qui a été chanté, il n'y avait pas l'excès de gaité qui lui était habituel. Puis est venu un Kyrie de Rinck, très-sonore, simple et grand, facilement chanté. Et, pour terminer la première partie, VAve Maria, de Cheru- bini, parfaitement rendu par une des. chanteuses de la Société dont la voix splendide et le style sobre ont été vivement ap- plaudis. Ce morceau me paraît manquer du caractère religieux;