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LE BONHEUR DE M° B.-N. DUFLOT. 139 dans sa ville la famille d'un vieux militaire qui n'avait rien que de bellesfilles..La beauté de celles-ci les avaient introduites dans le monde. M. Duflot fut épris de l'une d'elles et l'épousa. Il l'aimait ; mais l'aima-t-elle ? Dieu le sait. La jeune fille, courtisée par de beaux galants, qui ne voulaient pas en faire « leur femme » fut fort heu- reuse de donner sa belle main à M. Duflot. Mais elle avait tâté dés hommages ; elle éblouit le pauve avocat et en lui apportant en dot sa beauté, elle apporta dans le ménage une vanité égale à celle du mari, le besoin du luxe de l'éducation moderne, belle éducation de pension : recher- che outrée de toilette et d'ameublement, soif insatiable d'argent, pas de religion, pas de principes et ne rêvant dans une condition modeste que la grandeur entrevue. M. Duflot n'était pas laid, mais il n'était pas beau. Plu- tôt grand que petit , d'un blond allant presque au rouge, commun de nature, sa mise était irréprochable, au point de vue du tailleur ; ses habits, sa coiffure, ses gants, sa chaussure, ses cannes, son linge, tout cela était parfait et son langage d'une" effroyable pureté grammaticale. Il prenait (comme sa société) tout cela pour la distinction suprême. Mme Duflot, elle, était très-jolie, d'une figure très-fine, d'un teint charmant, d'un enbonpoint convenable, maispas de marbre et qu'elle ne craignait pas de montrer au bal, assez tremblottant. Si elle eût été simple et naturelle, elle aurait été beaucoup plus près du bon genre qu'elle voulait avoir ; mais elle était d'une insupportable minauderie. Elle se donnait mille grâces, parlant comme un enfant, disant légèrement no, no, pour non; ze ne veux pas, pour je ne Veux pas et semblait toujours regarder amoureuse- ment ceux qu'elle ne dédaignait pas. Mais sous cette en- veloppe de précieuse, elle était volontaire et altière : per- i