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                           BIBLIOGRAPHIE.                    77
LES VISIONS.   — ELNOIDÉS, petits poèmes. — P A U TOUS PATS ,
   deux volumes de nouvelles , par Germain PICARD , de
   Villefranche ; P a r i s , chez Cournol, passage du com-
   merce, 3.
   Nous avons l'an dernier, rendu compte ici d'un volume
de petits vers de M. Germain PICARD. Pour se relever de
nos critiques, l'auteur a volilu nous montrer qu'il sait écrire
les grands vers, quand bon lui semble ou tout au moins a
ses heures d'inspiration.
   C'est à ses heures , précisément, par fascicules et sans
éditeur, que M. PICARD publie les Visions. Nous avons, de
la sorte, sous les yeux, deux poésies : La foi, l'espérance,
la charité. — Eva, et des sonnets.
   Il y a de beaux vers dans la première pièce dédiée à
Lamartine. Eva est un épisode, d'une courtisane faite avec
l'âme d'une honnête fille et le poète stigmatise, là, les sé-
ducteurs de cette sortie véhémente :
      Honte à qui, se glissant au foyer de famille,
      Flétrit par ses discours un cœur de jeune fille !
      Honte au lâche qui jure un amour éternel
      Et viole, en riant, son serment solennel !
      Honte à qui, sans remords, apporte l'adultère
      Dans le lit des époux, et, dans le cœur d'un père,
      Creuse au doute, qui tue, un abîme profond !
      Séducteurs d'atelier, séducteurs de salon,
      Honte à vous, dont la bouche égoïstç et parjure
      Jelte un cœur innocent en proie à la luxure !
      Honte ! Car vous semez le malheur sur vos pas :
      La femme qui faillit ne se relève pas !
   M. G. PICARD travaille dans un milieu mauvais, c'est-à-
dire à Paris. « C'est le cœur et le cerveau de la France »,
mais le pays, particulièrement depuis 1871, s'inscrit en
faux contre cette définition qui le calomnie et donne une
juste idée seulement de la modestie des habitants de cette
commune. La chaussure, la plus nett&à l'arrivée, ne peut
sans se souiller, fouler l'asphalte de Paris. Nos écrivains
qui s'y naturalisent, perdent de même leur naïveté, leur
originalité et nous servent ordinairement des études ins-
pirées de leur nouvelle résidence, c'est-à-dire des vices
d'une multitude relativement minime et de passions incom-
prises du surplus des Français. Voilà pour le fond. Pour
la forme, ils perdent trop souvent de vue les traditions
classiques, et, notamment ils cultivent-en poésie, l'enjam-
bement, le hiatus et les hémistiches défectueux. M. G.
SICARD à quelques vers ainsi un peu faibles :
      Celui pour qui j'ai tout perdu : ma bonne mère, etc.
  Ce n'est point le reproche que nous ferons à notre com-
patriote pour son poème d'Elnoïdès, sujet de pure fantai-
sie, conçu, conduit, écrit dans un plan supérieur. C'est une