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78                       BIBLIOGRAPHIE.
révolution dans une cité de la Grèce antique. La manière
 de l'auteur devait donc être large, archaïque. Elle l'est,
mais sans le priver des grâces romantiques, par lesquelles
les poètes contemporains, de Musset, Brizeux et les mé-
ridionaux Jasmin, Mistral, ont rendu la poésie séduisante,
 avenante, t populaire à tous . Leswers d'Elnoïdès ont cette
 simplicité; mais à l'antique, sans rien de trivial ni de fa-
 milier. Ils se soutienenttour à tour dans le genre descriptif
et des narrations animées comme les combats au milieu des
rues, du second livre de l'Enéide. Qui ne sait cependant que
le style noble et surtout majestueux, est doublement diffi-
cile. Il nous apparaît comme ces belles routes tracées en
merveilleux cordons d'une hauteur vertigineuse, tour à
tour au sein des bois, aux flancs des montagnes, au-dessus
des rivières et où le voyageur finit par marcher toujours au
même niveau et avec la même sécurité, au bord des pré-
cipices. Nous ne pouvons faire des citations pour justifier
ce jugement. Tout le poème y passerait. Mais leshorrirues
de goût le liront, sans arrêt, sans fatigue.
   Après l'avoir fait,réfLéchissant à la destinée littéraire de
M. G. PICARD, je suis resté convaincu qu'il écrirait, plus,
mieux et des choses infiniment meilleures, s'il fût demeuré
dans son pays natale. Lutèce est la Dalila d'Octave Feuillet.
Trop de poètes croient que cette courtisane verse lo philtre
de l'inspiration. Dès qu'elle les tient elle leur coupe les ailes
et les rejette terre à terre, sur ses trotoirs. Mieux vaut mille
fois au poète la vie de famille, les traditions de son ber-
ceau, à Brizeux la Bretagne, à Mistral les mûriers de Mail-
lane, à Marsangy la Loire de Clamour. Nos sites n'ont rien
à envier aux autres.
   Le Beaujolais, précisément, à fait les frais de quelques
nouvelles, dans le recueil de prose que M. G. PICARD publie
aussi par livraisons non périodiques, sous ce titre: Par
tous Pays. Chacun de ses petits volumes est un bouquet
d'historiettes et de contes. Les gens impatients des'dénoû-
ments se plairont à cette lecture ; car le journal a ses exi-
gences et beaucoup de ces récits ont dû se grimer en nains
pour entrer dans ses colonnes. C'est du reste au physique
seulement que ces nouvelettes peuvent paraître court-vê-
tues. La morale de l'auteur ne prête pas à la ^critique. Il
professe et défend les grands principes. Une préoccupation
politique ou sociale s'est même fait jour, en ce sens, dans
son livre de 1872. Confesseur de la Commune, échappé au
sort des otages, il a sans fiel raillé les radicaux, dans deux
pièces. Le colonel Gredinet est un officier supérieur de la
garde nationale de Montmartre. La mairie de St-Boniface,
qui rappelle Vhumour d'A. Karr dans les Révolutions de
Pirmasentz est l'épopée d'un Rabagas de bas étage, à la
camp agne.                                Jules RAMBAUD.