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                          BIBLIOGRAPHIE.                          71
de jeunesse qui jadis me fut aussi vive à moi-même, celle
qu'apporte le modeste pécule fruit du premier travail :
        0 délire ! O transport! J'écoute, après trente aus,
        Bruire dans mon gousset mes premiers vingt-cinq francs,
        Argent par moi gagné, légitime salaire
        Venant récompenser mes instincts de notaire ?
   Les petits événements de la ville et. du jour ne laissent
jamais indifférent notre barde prêt à toute occasion.- Glis-
sons sur ces menus détails de la chronique locale, dont
l'intérêt s'évapore toujours plus qu'à moitié en passant la
barrière. Je demande grâce, toutefois, pour une seule stro-
phe. Il.s'agit d'une cavalcade de bienfaisance.
   Après" avoir décrit pittoresquement les splendeurs du
cortège, l'affluence des spectateurs endimanchés, le philan-
tropique entrain des chevaliers-quêteurs, « Allez, dit-il,
           Allez, quête/, belle jeunesse,
         Dieu guide et soutient votre effort ;
         Mais, sachez bien, quoi qu'il paraisse,
         Tout n'entre pas au coffre-fort ;
         La pièce d'or, la pièce blanche,
         Des gros sous la lourde avalanche,
         Pêle-mêle y ruisselleront.
         LD gai propos, le fin sourire,
         Le doux regard où l'on peut lire,
         Nos beaux quêteurs les garderont.
   Je m'étais bien promis de laisser le lecteur seul juge
du mérite des citations; mais il me pardonnera, je l'espère,
de recommander tout particulièrement celle-ci à son at-
tention. Je n'hésite pas, quant à moi, à mettre la pensée et
l'expression de ce dizain au niveau des plus délicates
et des plus suaves que je connaisse.
   Tel que vous apparaît jusqu'ici ce moraliste, cher lec-
teur, vous devez être désireux de le voir aux prises avec
les opinions, les usages, les passions, les modes moder-
nes. Cette perspective vous fait venir l'eau à la bouche,
n'est-il pas vrai ? Et le morceau vous affriande d'autant