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ARABES ET KABYLES. 35 dire de cette haine entre l'agriculteur et le pasteur ; l'his- toire de l'Egypte et môme la Bible nous en donnent éga- lement plusieurs exemples. Dans l'Asje antiq_ue,les Perses se firent vite cultivateurs ; ' l'art de l'irrigation les aida puissamment dans leur déve- loppement agricole, et ces populations actives et laborieu- ses ne tardèrent pas à avoir pour ennemies les hordes no- mades qui vivaient dans le désert ou plutôt qui faisaient le désert autour d'elles, abandonnant les pays épuisés par^la dent des moutons, s'installant de préférence sur la lisière des cultures, pour y envoyer leurs troupeaux à la grande fureur des travailleurs et ne se faisant guère scrupule de prendre le bien des autres où ils le trouvaient. Et quand les cultivateurs exaspérés voulaient tirer vengeance de leurs voisins pillards, les tentes se trouvaient enlevées, les troupeaux couraient au loin , les nomades étaient partis. Les populations de l'Inde continuèrent la vie pastorale, tout en restant sédentaires. La force accablante du climat interdit presque les rudes travaux que réclame la terre et, d'autre part, la richesse du sol fécondé par la chaleur et l'humidité des grands fleuves rendait inutiles les déplace- ments imposés aux pasteurs dans des pays inoins privilé- ' giés. Les religions de ces différents peuples s'imprégnèrent naturellement de leurs mœurs et de la nature de leurs occu- pations. De tout temps, l'homme fit Dieu à son image ; de tout temps il lui a donné ses défauts, ses qualités, ses fan- taisies, ses haines, et l'a fait en quelque sorte complice de ses fureurs comme il le faisait du reste participer aux bon- nes actions que lui dictait son cœur. C'est ainsi que les chantres védiques, qui sont les pro- phètes inspirés de l'Inde, demandent à chaque page la prospérité des troupeaux ; mais les produits de la terre les intéressent beaucoup moins. Chez eux, la vache devient le symbole par excellence de tout ce qui est utile à l'homme