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36 ARABES ET KABYLES. et par suite de tout ce qui est divin. La terre est une vache féconde, les nuages qui portent la pluie, les rayons du soleil sont des vaches célestes; le sacrifice lui-même est une va- che. Tous les mots indiquant la force, l'opulence, la puis- sance dérivent de termes empruntés à l'art pastoral. Au lieu d'employer, dans les exercices du culte, le vin et l'huile pour leurs libations, ils se servent de lait, de beurre, de caillé ou de l'extrait de la plante sauvage qui produit le soma. La Loi de Manou indique très-bien l'antagonisme qui existait dans l'Inde entre les pasteurs et les agriculteurs : « Certaines gens, dit cette loi, approuvent l'agriculture, « mais ce moyen d'existence est blâmé des hommes de « bien. » « Un brahmane ou un kchattrya contraint de vivre des « mêmes ressources qu'un vaisya, doit éviter avec soin le « labourage (1). » Voilà ce que disent les livres saints de l'Inde ancienne. Opposonsmaintenantà ces idées pastorales les conceptions de la Perse agricole. Car c'est surtout chez les Perses que l'antagonisme prend les couleurs les plus accentuées. On comprend que si les pasteurs se contentaient de trai- ter les travailleurs de terre avec mépris, ces derniers de- vaient avoir des sentiments plus violents en présence de déprédations incessantes, en présence surtout de l'anéan- tissement de leurs récoltes, objet de tant de soins, produit de tant de labeurs. Dans les hymnes des Gâthâs et du Yaçna, la plus pro~ fonde haine se manifeste contre les ennemis de l'agricul- ture. « Ce sont des prophètes de mensonge qui séduisent « les hommes et les excitent non-seulement à ne pas « s'adonner à la culture des champs, mais encore à rava- « ger les terres cultivées et à nuire aux amis de la vérité. (1) Manou, X, 83, 84.